Partage d'évangile quotidien
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Trouvailles

Mer. 30 Juillet 2014

Matthieu 13, 44-46 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

« Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans le champ. Un homme le trouve : il le cache, et dans sa joie il va, vend tout ce qu'il a, et il achète ce champ-là. 

« Encore : le royaume des cieux est semblable à un commerçant qui cherche de belles perles. Il trouve une perle de grand prix : il s'en va, réalise tout ce qu'il avait, et il l'achète. » 

 

 

L'adoration des mages, par He-Qi

 

 

voir aussi : Bénis des dieux, Surprise, surprise, Royaume à vendre, Juste prix

Voici maintenant deux petites paraboles, fort semblables entre elles. Le découpage liturgique nous a réservé la dernière pour demain. Il est vrai qu'elle semble à priori assez différente de ces deux-ci. Cependant c'est le travail de Matthieu qui l'a rendue ainsi, car il est à peu près certain qu'à l'origine elle complétait les deux que nous avons aujourd'hui, formant ainsi une triade exprimant les deux mêmes idées fortes, à savoir, premièrement, une découverte du Royaume sous la forme d'une surprise plus ou moins inattendue, à la suite de quoi, secondement, plus rien d'autre n'a d'importance. Avant d'entrer plus avant dans ces deux idées, résumons rapidement la forme originale de la troisième parabole, telle qu'on la découvre dans l'évangile selon Thomas (8) : un pêcheur remonte son filet plein de petits poissons, avec juste, parmi eux, un gros et bon poisson. Il conserve le gros poisson et rejette à la mer tous les autres. Nous verrons demain de plus près comment et pourquoi Matthieu a fait évoluer cette parabole sous la forme qui figure dans son évangile. Pour l'instant, voyons l'ensemble des trois ainsi reconstitué.

Ce qui nous étonne, en premier lieu, c'est que la découverte du Royaume puisse prendre les apparences d'une loterie ! On tombe, "par hasard", sur un trésor, une perle précieuse, un gros poisson... Pourquoi alors nous dit-on par ailleurs : veillez sans cesse, frappez sans relâche, persévérez, bref pourquoi nous demande-t-on aussi des efforts continus et soutenus ? Ce n'est pourtant pas contradictoire. Le négociant en perles a toujours cherché des perles dans sa vie, de même le pêcheur a toujours cherché des poissons. Pour le trésor caché dans le champ, Thomas encore nous éclaire : chez lui, le champ a d'abord été hérité par un fils, qui l'a aussitôt revendu, sans y avoir travaillé ...et c'est son acquéreur qui, lui, y met la charrue et découvre le trésor. Ici, donc, aussi, il y a bien eu travail. Ça ne tombe pas tout cuit dans la bouche rien qu'en l'ouvrant ! L'aspect surprise inattendue reste cependant fort vrai. C'est bien ainsi que les choses se passent. On cherche longtemps, on aspire ardemment, à trouver le Royaume, ou recevoir l'Esprit. Et puis un jour, sans qu'on sache trop pourquoi ce jour-là, pourquoi cette fois-ci, ça nous 'tombe' dessus, c'est là.

Et ça nous surprend ! et certes le trésor, la perle rare, ou le gros poisson, deviennent alors plus importants pour nous que toute autre chose. Mais ça peut prendre du temps, aussi, pour 'liquider' tous nos avoirs. C'est une question de point de vue, à partir de là. Le trésor est nôtre, là-dessus il n'y a pas de retour en arrière possible. C'est comme avec l'image de la seconde naissance : quand on est né, on ne peut pas retourner dans la matrice maternelle, et quand on est re-né, on ne peut pas non plus faire comme si il en était autrement. Ou c'est encore comme ce qu'on dit du vélo : une fois qu'on sait en faire, ça ne s'oublie plus. Le don est irréversible. Mais la vie dans l'Esprit n'est pas permanente, non plus. On n'est pas sans cesse dans sa mouvance. C'est une alternance, qui s'instaure, dans un premier temps. La conscience de l'Esprit qui est notre origine et notre fondement se manifeste alors comme un havre, comme le port, ou la source, auxquels nous finissons toujours par revenir. Et, entre deux, nous retrouvons notre vie précédente, ordinaire, très légèrement modifiée par notre connaissance, subconsciente, de l'autre réalité. Et c'est progressivement qu'une fécondation réciproque va s'opérer entre les deux états de notre conscience.

On peut dire, effectivement, que nous vendons peu à peu notre vie précédente, inconsciente, pour acquérir de plus en plus la nouvelle. Mais on peut dire aussi, ce qui me semble mieux correspondre, que c'est la nouvelle qui fait peu à peu muter la précédente. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine : nous ne deviendrons jamais pleinement et de manière permanente conscients de l'Esprit. C'est une impossibilité. La conscience de l'Esprit ne peut nous venir que parce que nous n'en avons d'abord pas été conscients, et il nous restera toujours une part d'inconscience, car c'est elle qui nous permet d'être conscients. C'est le fameux symbole du yin et du yang qui parle peut-être le mieux, ici, de cette présence, dans chacun des deux éléments 'contraires', d'un soupçon de l'autre. C'est, d'une manière générale, le principe de complémentarité : la conscience n'existe pas sans l'inconscience, et réciproquement. Cette période, en tout cas, est le mieux caractérisée par les paraboles comme celles de lundi : la graine de moutarde qui devient un arbre, le levain qui fait lever toute la pâte. Cela 'marche' tout seul, à son rythme, peut-être lentement, mais surement !