Partage d'évangile quotidien
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C'est pas moi, c'est lui

Jeu. 3 Janvier 2013

Jean 1, 29-34 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

Le lendemain, comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c'est de lui que j'ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l'eau, c'est pour qu'il soit manifesté au peuple d'Israël. » 

Alors Jean rendit ce témoignage : « J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : 'L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint.' Oui, j'ai vu, et je rends ce témoignage : c'est lui le Fils de Dieu. » 

 

 

Le baptême de Jésus, par He-Qi

 

 

voir aussi : Voici l'homme, Quel baptême ?

"c'est lui le Fils de Dieu" : on ne peut pas prendre cette affirmation dans le sens qu'elle a pour nous aujourd'hui. Nous en avons déjà parlé il y a trois jours, l'expression "Fils de Dieu" dans l'évangile de Jean a un sens particulier lié à la gnose qui l'a inspiré. Pour l'évangéliste, il ne s'agit pas du Fils unique égal à Dieu, il ne s'agit pas de la seconde personne de la Trinité. Même s'il y a bien ici l'article défini 'le' qui pourrait faire croire à l'unicité de ce Fils, ce n'est pourtant pas le cas. Il y a un 'le' comme il aurait pu y avoir un 'ce'. Pour l'évangéliste, c'est une affaire entendue : il nous a annoncé qu'il allait parler d'un Fils unique de Dieu, il nous a dit que c'était Jésus, désormais il ne sera plus question que de lui, il peut nous dire "le Fils de Dieu", ou "le Fils unique", parce qu'il n'y pas d'ambiguïté, c'est de 'ce' Fils unique-ci qu'il est question, ce Jésus, pas d'un autre.

Il est par ailleurs évident que Jean Baptiste n'a pas prononcé les paroles qui lui sont ici prêtées. Jésus fut un temps disciple de Jean, et probablement Jean l'avait-il désigné pour lui succéder en cas de nécessité, ce qui se produisit quand Jean fut emprisonné par Hérode. Les évangiles ne nous cachent pas que certains des disciples de Jésus venaient de chez Jean, mais nous disent aussi que, une fois en prison, Jean avait conservé des partisans qui vinrent demander des comptes à Jésus au nom de leur maître. Tout ceci ressemble bien au schéma classique d'un groupe 'sectaire' (le terme ici n'est pas péjoratif, il s'agit de gens qui ont leurs propres convictions, différentes de la majorité), lequel groupe se scinde à la suite de deux personnalités charismatiques dont les enseignements se mettent à diverger.

Il est possible aussi que Jean ait eu une révélation au sujet de Jésus, qu'il ait su que Jésus aurait de son côté un rôle important à jouer dans l'histoire du salut. Mais on ne voit pas comment Jean aurait pu faire une profession de foi aussi forte que celle d'aujourd'hui pour achopper ensuite sur les différences de style entre son ancien disciple et lui-même. Jean ne peut pas à la fois avoir professé l'équivalent de "ce Jésus est Fils de Dieu", et avoir été ensuite scandalisé par les libertés qu'il prenait avec le jeûne, le sabbat, et autres observances traditionnelles. Il est vrai que son doute survint pendant la période galiléenne de Jésus, celle qui lui valut sa réputation "d'ivrogne et de glouton", et que si Jean avait pu voir la montée à Jérusalem, la tension qui gagnait sans cesse et la fermeté avec laquelle Jésus affrontait son destin jusqu'à son sacrifice sur la croix, il aurait pu se sentir plus proche de ce Jésus-là.

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