Partage d'évangile quotidien
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Du bien et du mal

Mer. 9 Septembre 2015

Luc 6, 20-26 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

Il lève les yeux sur ses disciples et dit : « Heureux les pauvres : à vous est le royaume de Dieu ! Heureux ceux qui ont faim maintenant : vous serez rassasiés ! Heureux ceux qui pleurent maintenant : vous rirez ! Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïront, quand ils vous excluront et vous insulteront et jetteront dehors votre nom comme mauvais, à cause du fils de l'homme ! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez ! Voici, votre salaire est abondant au ciel : ces choses-là, leurs pères les faisaient aux prophètes ! 

« Cependant : Malheureux, vous, les riches : vous touchez votre consolation ! Malheureux, vous, les comblés maintenant : vous aurez faim ! Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez affligés et vous pleurerez ! Malheureux, quand tous les hommes diront du bien de vous : ces choses-là, leurs pères les faisaient aux faux prophètes ! » 

 

 

Le paradis perdu, par He-Qi

 

 

voir aussi : Demandez le bonheur !, Perspectives trompeuses, Luc qui rit et Luc qui pleure, Des pleins et des déliés, On change !

Nous entamons l'équivalent chez Luc du discours sur la montagne de Matthieu, une collection de sentences censées provenir de Jésus — et il serait vraiment surprenant qu'il n'y ait absolument rien, dans tout ce matériau, qui ne remonte effectivement à lui. Évidemment, on peut s'attendre à ce que des formulations aient été retouchées, et des éléments ajoutés. On le voit bien déjà rien qu'avec ces béatitudes telles qu'elles ont été traitées par Matthieu, qui en a quatre de plus que Luc — soit le double, quand même — et qui, pour celles qu'ils ont en commun, en donne une version systématiquement atténuée. Matthieu nous donne une version des béatitudes très évoluée, retravaillée, polie, là où Luc nous a vraisemblablement conservé la forme la plus ancienne, beaucoup plus tranchante, et, il est vrai, scandaleuse, pratiquement impossible à accepter telle quelle.

Les béatitudes de Luc ont toutes à voir avec des conditions de vie très concrètes, matérielles, tangibles : être pauvre, avoir faim, pleurer, être en butte à de l'hostilité. Ces conditions évoquent le malheur, ou en tout cas ce qui est ressenti comme tel, réellement ; c'est très "pratique", constatable, basique pourrait-on dire. Matthieu a rendu tout ceci dans un mode qui se veut peut-être plus spirituel — plus intelligent ? Être pauvre "en esprit", avoir faim "de justice", être "affligé" (être triste, déprimer) au lieu de ce tout bête "pleurer" de Luc. Les deux ne se rejoignent que sur l'ostracisme, la persécution, mais entre temps Matthieu nous a donc gratifié de quatre autres béatitudes qui, cette fois-ci, ne parlent même plus de mal subi : être doux, être miséricordieux, avoir le cœur pur, répandre la paix ; des qualités certainement souhaitables, mais nous avons complètement quitté ce qui caractérise vraiment les "béatitudes" — ce choc antinomique entre le mal qui est dit être un bien — pour passer à un discours de morale, peut-être élevée, mais qui, dans le fond, avouons-le, reste alors assez classique.

Ce qui plaide, bien sûr, en faveur de la forte probabilité que la version originelle est celle de Luc. Les évolutions qu'ont fait subir les évangélistes au message de Jésus ne peuvent être allées que dans le sens de ce qui arrondit les angles, de ce qui cherche à gommer ce qui semble à priori incompréhensible. Et reconnaissons qu'il est bien difficile d'entendre "heureux êtes-vous si vous êtes pauvres, avez faim et pleurez" ! sans chercher immédiatement des échappatoires à la Matthieu, sans entrer immanquablement dans une casuistique qui va, par un déluge d'intelligence, nous rendre tout ça parfaitement acceptable, parce qu'elle aura complètement noyé le poisson. Non, les béatitudes, c'est brut de chez brut, c'est un grand coup de poing dans la gueule, si on est capable de les regarder en face.

Et puis, il y a encore ces quatre pendants symétriques, ces quatre "malédictions", qui viennent enfoncer le clou, qui viennent nous achever si par miracle nous avons échappé au k.o. de la première salve : malheureux vous les riches, vous les repus, vous les contents, vous pour qui ça baigne, vous qui vous sentez comme un poisson dans l'eau avec les règles du jeu de la vie en société, de la bien-pensance, de la bien-séance, de la reconnaissance par vos pairs et vos supérieurs. Oui, malheureux vous qui brillez par votre intelligence, par votre charme, par votre ruse, par votre séduction, par votre ascendant ; malheureux vous qui êtes heureux de ce monde tel qu'il est, parce qu'il vous offre toutes les satisfactions que vous pouvez souhaiter. Malheureux, parce que ces satisfactions, tôt ou tard, cesseront ; soit que vous chuterez, soit que vous vous en lasserez, et n'aurez de cesse que d'en chercher toujours encore d'autres, toujours encore plus insatisfaisantes, jusqu'à ce que vous arriviez à la fin de votre vie, celle que vous redoutez et cachez et fuyez dans cette course incessante, et que se révèlera alors dans toute sa crudité l'ineptie parfaite d'une vie parfaitement vide, sans aucun fruit, sans aucune raison, sans aucun sens.

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