Partage d'évangile quotidien
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Le grand amour

Jeu. 15 Septembre 2011

Luc 7, 36-50 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum. 

Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum. En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu'elle est : une pécheresse. » 

Jésus prit la parole : « Simon, j'ai quelque chose à te dire. - Parle, Maître. » Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d'argent, l'autre cinquante. Comme ni l'un ni l'autre ne pouvait rembourser, il remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l'aimera davantage ? » Simon répondit : « C'est celui à qui il a remis davantage, il me semble. — Tu as raison », lui dit Jésus. 

Il se tourna vers la femme, en disant à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi, et tu ne m'as pas versé d'eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas embrassé ; elle, depuis son entrée, elle n'a pas cessé d'embrasser mes pieds. Tu ne m'as pas versé de parfum sur la tête ; elle, elle m'a versé un parfum précieux sur les pieds. Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c'est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d'amour. » 

Puis il s'adressa à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. » Les invités se dirent : « Qui est cet homme, qui va jusqu'à pardonner les péchés ? » Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t'a sauvée. Va en paix ! » 

 

 

Marie de Magdala, par He-Qi

 

 

voir aussi : Dette de paix

Contrairement à ce que pense le pharisien, c'est justement la question : cet homme, Jésus, sait très bien qui est cette femme. Et ce qu'il sait ne se résume pas, pour lui, à ce mot de 'pécheresse', mais au contraire à celui de 'victime'. Tout l'argumentaire qui suit, sur les plus grandes dettes remises qui entraînent les plus grandes gratitudes, se place sur le terrain logique du pharisien, mais ne rend pas compte de la réalité de la situation de la femme, telle que Jésus, lui, la perçoit.

L'attitude de cette dernière, tout en étant l'hommage à l'étrange prophète dont elle a entendu parler, hommage que l'on comprend immédiatement, n'est aussi qu'un appel au secours désespéré, devant lequel il est difficile de retenir ses larmes, et qui dit assez à quel point elle a été menée puis maintenue dans sa fonction, contre son gré. Comme s'il pouvait exister une vocation à la prostitution ! L'aveuglement du pharisien, et derrière lui du genre masculin dans son ensemble, sont sur ce point révélateurs de leur complicité inconsciente.

En pleurs tellement que les pieds de Jésus en sont baignés, puis les essuyant de ses propres cheveux, les baisant et finalement les parfumant, cette femme a choisi de troquer un esclavage contre un autre. L'esclavage à la fois anonyme et public de sa condition, contre la dépendance à un seul homme, auquel elle a décidé de s'en remettre entièrement et quoi qu'il puisse lui en coûter par la suite. Mais pour une qui eut la lucidité de son état, combien restèrent victimes ?

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