Partage d'évangile quotidien
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Fais de même !

Lun. 6 Octobre 2025

Un Samaritain, l'ayant vu, fut ému aux entrailles et s'approcha, et il banda ses blessures y ayant versé de l'huile et du vin, et il le fit monter sur sa propre monture, et il l'amena à l'auberge, et prit soin de lui.

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même" : cette citation de la Torah provient du livre dit du Lévitique (19, 18), dans un passage comprenant de nombreux préceptes destinés à régler le comportement des hébreux entre eux, en sorte que le prochain qu'il s'agit donc d'aimer comme soi-même, c'est le frère, la personne, de son peuple (ou de sa religion, puisque pour les hébreux les deux sont confondus), et l'homme de loi, le spécialiste de la Torah, qui énonce cette prescription le sait très bien. C'est déjà beaucoup, s'efforcer d'aimer toute personne de son peuple ou de sa religion, sans parler d'aller jusqu'à aimer tout être humain, de quelque culture, ethnie, religion, origine géographique que ce soit ! Mais il n'est pas interdit de penser que notre légiste s'interroge justement sur ce point-là précis : conviendrait-il d'élargir la cible de cet amour à l'universel, au-delà donc de la portée apparente du texte ?

Ce n'est pas un hasard si la parabole par laquelle Jésus introduit sa réponse nous donne en exemple un Samaritain. On sait que les Juifs et les Samaritains ne s'entendaient pas bien, c'est le moins qu'on puisse en dire, alors qu'ils ont les uns comme les autres les mêmes textes les plus fondamentaux, à savoir ce qu'on appelle le Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible) à quelques variantes près... Les Samaritains sont en fait des Juifs, la principale raison de leurs désaccords étant à l'origine d'ordre politique, les premiers refusant que Jérusalem devienne le sanctuaire prééminent de leur religion commune. On voit que cela remontait à loin, ou plutôt "remonte" puisqu'il existe encore de nos jours quelques centaines d'Israélites Samaritains ayant leur clergé et leurs rites propres...

Au-delà de la "malice" qu'il y avait à donner en exemple le comportement d'un Samaritain par rapport à celui de deux membres du clergé juif (auxquels il faut d'ailleurs concéder qu'ils avaient des excuses, car ils auraient enfreint les règles de pureté en s'occupant du blessé, ce qui les aurait astreints à se soumettre à tout un protocole pour se purifier par la suite...), on conviendra qu'en matière d'universalisation de la notion de prochain, ça ne va pas bien loin ! même si c'est souvent avec ceux qui nous sont les plus proches que les antagonismes peuvent être les plus exacerbés. Aussi convient-il surtout de faire attention au retournement de la question opéré par Jésus en conclusion de la discussion.

En effet, que signifie ici "aimer" ? On n'est pas sur le sens d'aimer un film ou un livre, aimer un plat ou une boisson, etc. Autrement dit, il ne s'agit pas d'apprécier quelque chose ou quelqu'un qui vient à nous, il s'agit d'aller vers ce quelqu'un, il s'agit donc de se rendre soi-même proche de l'autre. Dans tous les cas, que cette personne nous ait été déjà proche ou pas, il s'agit de nous rendre encore plus proche d'elle qu'elle ne nous l'était auparavant. Bien entendu, on pourrait encore limiter ce précepte de se rendre proche des autres à ces seuls autres qui nous sont déjà relativement proches sous tel ou tel autre critère. Mais outre le fait déjà mentionné que parfois il est plus difficile de se rapprocher encore plus de celles ou ceux qui nous sont déjà très proches, que de se rapprocher des moins proches, pour quelle raison par ailleurs exclure a priori celles ou ceux qui nous semblent plus éloignés au premier abord ?

Mon prochain, c'est qui que ce soit que le destin a mis sur mon chemin, et aimer c'est être compatissant, souffrir avec lui... Est-ce révolutionnaire ?

 

 

et voici qu'un homme de loi se leva
    en disant pour le mettre à l'épreuve
« maître ! que ferai-je pour hériter de la vie éternelle ? »
    alors il lui a dit
« qu'a-t-il été écrit dans la Torah ? comment lis-tu ? »
    et il a répondu en disant
« tu aimeras le seigneur ton dieu
    de tout ton cœur et de toute ton âme
    et de toute ta force et de toute ton intelligence
et ton prochain comme toi-même »
    alors il lui a dit
« tu as répondu juste... fais cela ! et tu vivras »
    mais lui voulant se justifier lui-même a dit à Jésus
« et qui est mon prochain ? »
    le reprenant Jésus a dit

« un homme descendait de Iérousalem à Jéricho
    et tomba sur des bandits
qui le dépouillèrent et le rouèrent de coups
    et s'en allèrent le laissant à moitié mort
puis par hasard un prêtre descendait par ce chemin-là
    et l'ayant vu passa de l'autre côté
puis de même un lévite vint en ce lieu
    et l'ayant vu passa aussi de l'autre côté
mais un Samaritain en cheminant vint près de lui
    et l'ayant vu fut ému aux entrailles et s'approcha
et il banda ses blessures y ayant versé de l'huile et du vin
et il le fit monter sur sa propre monture
et il l'amena à l'auberge et prit soin de lui
et le lendemain il prit deux deniers et les donna à l'aubergiste
    en disant
"prend soin de lui et ce que tu dépenseras en plus
    moi à mon retour je te le rendrai"
 
lequel de ces trois te semble-t-il est devenu le prochain
de celui qui tomba sur les bandits ? »
    et il a dit
« celui qui a éprouvé de la miséricorde pour lui »
    et Jésus lui a dit
« va ! et toi fais de même ! »

(Luc 10, 25-37)

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