Partage d'évangile quotidien
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Miracles de la vie ordinaire

Mar. 31 Octobre 2023

Tout est don, et don sans retour

Deux petits meshalim qui nous parlent, comme beaucoup d'autres, du "royaume" de Dieu ; du "royaume", c'est ainsi qu'on dit le plus souvent, mais on pourrait aussi traduire du "règne" de Dieu. Cela ne change pas grand chose, peut-être, sur le fond, mais quand même : le "royaume" évoque une réalité plus abstraite, plus floue aussi ; certes il suppose un roi, mais ce roi peut s'avérer lointain. Le "règne" dit peut-être mieux que je peux avoir affaire directement à lui, que sa "gouvernance" peut me toucher, moi, personnellement. Et concernant ce "royaume" de Dieu, c'est bien ce dont il s'agit, il n'est pas question de toute une hiérarchie, de toute une administration, avec toute la dépersonnalisation sinon même tous les abus, que cela entraîne forcément.

Non, avec Dieu, c'est direct, c'est cash, et si des institutions religieuses prétendent le contraire, c'est d'une part parce que ces institutions ne savent pas, ou plus, de quoi elles parlent, et d'autre part parce que, de ce fait, elles en sont réduites à tenter ainsi de sauvegarder les apparences, alors qu'elles ne sont que des coquilles vides.

Ces deux petits meshalim semblent à première vue assez similaires, parallèles l'un à l'autre. La première différence entre eux, qui saute peut-être aux yeux, est que le personnage de l'un est un homme alors que dans l'autre il s'agit d'une femme. Chacun des deux meshalim s'enracine ainsi dans une réalité bien connue (bien connue : à cette époque...)  de chacun des deux sexes : les hommes travaillent aux champs, les femmes travaillent au foyer ; les hommes sèment le grain puis le moissonnent, les femmes façonnent le pain puis le font cuire. Et il est vrai que, dans chacune de ces deux réalité, il se passe quelque chose de quasi miraculeux, une croissance, qui se produit d'elle-même. C'est un cadeau de la nature, un grain germe, la plantule éclot, croît, et produit tout un épi plein de grains, tout comme un peu de levain se multiplie jusqu'à faire gonfler toute la pâte ; tout cela sans qu'on n'ait presque rien à faire, ou si peu.

Une deuxième différence, cependant (sans exclure qu'il puisse y en avoir encore d'autres), vaut peut-être la peine d'être relevée : concernant le grain semé, la croissance est celle de ce grain lui-même, alors que concernant le levain mélangé à la pâte, il s'agit d'une contagion, ce n'est pas tant le levain lui-même qui croît, c'est le mélange de farine et d'eau dans lequel il est enfoui qui devient à son tour ...levain. On pourrait simplifier en parlant, dans le premier cas, de croissance ou épanouissement personnel (le fameux "développement personnel" tellement à la mode de nos jours dans notre société occidentale), et dans le second cas de croissance ou épanouissement communautaire.

Le premier type de croissance serait-il plus masculin et le second plus féminin ? retenons peut-être surtout que les deux sont données. Le "règne" de Dieu, en réalité ne s'impose d'aucune manière. Il n'est jamais autre chose qu'une présence, exactement comme celle d'un ou d'une ami.e, et c'est juste que cet.te ami.e-là est toujours présent.e. Cette amitié-là est permanente, sans retour, de toujours à toujours : elle ne peut donc que croître encore et encore ! Forcément... puisque Dieu est l'être de notre être. Et peu m'importe alors si mon être à moi doit disparaître un jour ; je n'en sais rien, en fait, si ma mort sera ma disparition, mais même si tel est le cas, ce ne sera certes pas la disparition de cet être de mon être, et cela déjà me satisfait.

Qu'apporterait, d'ailleurs, de plus, ma survie personnelle, si ce n'est que la mienne ?

 

 

    Il disait donc :
« À quoi est semblable le règne de Dieu ?
    et à quoi vais-je le comparer ?
il est semblable
    à une graine de moutarde
qu'un homme a prise
    et jetée dans son jardin,
et elle a crû et est devenue un arbre :
et les oiseaux du ciel se sont installés
    dans ses branches. »
    
    Et de nouveau il dit :
« À quoi vais-je comparer le règne de Dieu ?
il est semblable
    à du levain
qu'une femme a pris
    et enfoui dans vingt kilos de farine,
jusqu'à ce que le tout ait levé. »

(Luc 13, 18-21)