Partage d'évangile quotidien
<
Enregistrer le billet en pdf

Donner sa vie

Mer. 28 Février 2024

On peut bien chercher dans tous les évangiles, jamais Jésus ne se confond lui-même avec Dieu. Il lui est proche, il lui est uni autant qu'il soit possible à un homme d'être uni à Dieu, mais il n'est pas Dieu lui-même.

Il sera réveillé : quelque chose, quelqu'un, on, le réveillera. Le verbe grec est à la voie passive, ce n'est pas lui qui réveille quelqu'un d'autre, ce n'est pas lui qui se réveille lui-même tout seul, c'est quelqu'un d'autre qui le réveille, cet autre étant évidemment ici Dieu. La voie passive est ainsi très souvent utilisée dans les évangiles (mais aussi dans la "Septante", la traduction en grec de la Torah effectuée aux alentours du troisième siècle avant Jésus-Christ) pour signifier, sans le nommer, que c'est Dieu qui agit. Par exemple "demandez, et il vous sera donné" qui signifie que Dieu donnera, "toquez et il vous sera ouvert", etc.

Les traductions en français ne respectent pas toujours (rarement même ?) cette "nuance", pourtant essentielle, disant "il se réveillera", et faisant ainsi croire que c'est Jésus qui se ressuscitera lui-même, mais absolument toutes les mentions de la résurrection en grec parlent de ce réveil à la voie passive, c'est donc bien sans aucune contestation possible Dieu qui le ressuscite, c'est Dieu qui le "réveille" du séjour de la mort, et ensuite seulement on trouve dit que Jésus se relève, là c'est bien lui qui se relève lui-même, mais avant qu'il puisse se relever, il aura d'abord fallu qu'il ait été réveillé, non ?

Et on peut bien chercher dans tous les évangiles, jamais Jésus ne se confond lui-même avec Dieu. Il lui est proche, il lui est uni autant qu'il soit possible à un homme d'être uni à Dieu, mais il n'est pas Dieu lui-même. Ce qu'il en advient ensuite, après sa résurrection, je me garderais personnellement de me prononcer sur la question.

Ce qui est le plus frappant, dans ces "annonces de la Passion", c'est à quel point elles sont ignorées, incomprises, par ceux à qui elles s'adressent. Ceci, bien qu'atténué par Matthieu, est particulièrement frappant chez Marc : après la première annonce, Pierre proteste ; après la seconde, les douze se disputent pour savoir qui d'entre eux est le plus grand, et après celle-ci la troisième, ce sont Jacques et Jean qui viennent réclamer les premières places du futur gouvernement d'Israël. Il est certain que les évangélistes, et avant eux la tradition qui a élaboré leurs sources, ont composé ainsi leur récit volontairement.

Il n'est donc pas sûr du tout que les événements se soient littéralement enchaînés de cette façon, mais l'intention de ceux qui racontent reste quand même un témoignage fiable de la réalité générale : les disciples de Jésus étaient à mille lieues d'imaginer comment l'histoire se terminerait. Ils étaient dans le même état d'esprit que l'ensemble de leurs coreligionnaires, le messie qu'ils attendaient était le chef politique et militaire qui chasserait les romains de leur terre, et les miracles qui se produisaient les confirmaient que Jésus avait la capacité à y parvenir : celui qui commande aux tempêtes peut bien déchaîner tous les éléments contre les armées de Rome !

La mort sur la croix sera leur catastrophe, la fin de tout. Et il leur faudra très longtemps pour accepter de renoncer à leur ancienne image d'un Dieu tribal, d'un Dieu à leur image en fait, si tant est d'ailleurs qu'encore de nos jours le christianisme s'en soit réellement et totalement débarrassé...

 

 

et en montant à Jérusalem
Jésus prit avec lui les douze à part
    et sur le chemin il leur dit
« voici, nous montons à Jérusalem
et le fils de l'homme sera livré
    aux prêtres et scribes
et ils le condamneront à mort
et ils le livreront aux païens
    pour le bafouer et le fouetter
    et le mettre en croix
et le troisième jour
    il sera réveillé »

alors s'approcha de lui
    la mères des fils de Zébédée avec ses fils
se prosternant pour lui demander quelque chose
    et il lui dit
« que veux-tu ? »
    elle lui dit
« dis que ceux-ci mes deux fils s'assoient
    un à ta droite et un à ta gauche
dans ton royaume ! »

    alors Jésus répondit et dit :
« vous ne savez pas ce que vous demandez
    pouvez-vous boire la coupe
que moi je vais boire ? »
    ils lui disent
« nous pouvons »
    il leur dit
« de fait ma coupe vous la boirez
mais s'asseoir à ma droite et à gauche
    il ne m'appartient pas de le donner
car c'est pour qui c'est préparé par mon père »

et ayant entendu
    les dix s'indignèrent à cause des deux frères
    aussi Jésus les ayant appelés à lui dit
« vous savez que les chefs des nations
    dominent en seigneurs sur elles
et que les grands
    exercent de haut le pouvoir sur elles ?
il n'en sera pas ainsi parmi vous
mais qui voudrait parmi vous devenir grand
    sera votre serviteur
et qui voudrait parmi vous être premier
    sera votre esclave
exactement comme le fils de l'homme
n'est pas venu pour être servi
    mais pour servir
et pour donner sa vie en rançon pour tous »

(Matthieu 20, 17-28)