Scribe converti
« Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu'on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s'assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien.
« Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les méchants des justes et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents.
« Avez-vous compris tout cela ? — Oui », lui répondent-ils.
Jésus ajouta : « C'est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien. »
Jésus acheva ainsi de proposer des paraboles, puis il s'éloigna de là.
Entendons ici par 'scribe' : tout adepte de la première alliance, tout juif. Ce passage est propre à Matthieu et reflète bien son contexte : une communauté de juifs adeptes de Jésus et qui ne veulent rien renier de leur judaïsme d'origine. Au contraire, nous dit-il, l'enseignement de Jésus (le neuf) donne un nouvel éclairage à la Torah (l'ancien) en sorte que les deux constituent un seul trésor.
Ce point de vue a perdu assez vite de son influence dans les premiers siècles, et fini par être complètement occulté jusqu'à ces dernières décennies, où l'enracinement juif de Jésus redevient progressivement une préoccupation majeure, parallèlement à la prise de conscience de la responsabilité de l'anti-judaïsme chrétien dans le génocide nazi. Mais jusqu'où peut-on aller dans le rapprochement judéo-chrétien ?
Certes, Jésus s'est toujours considéré comme juif et n'imaginait pas que ses héritiers se sépareraient de la synagogue. Pas plus qu'il n'imaginait que la synagogue excluerait les chrétiens. La question pourrait se résumer ainsi : pour les chrétiens, peut-on être chrétien tout en renonçant à la divinité de Jésus ? et pour les juifs, se peut-il que Jésus ait été le Messie alors que deux millémaires se sont déjà écoulés depuis lors ?
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