Partage d'évangile quotidien
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Poupées gigognes ?

Ven. 6 Octobre 2023

Celui qui vous accueille m'accueille et accueille celui-là qui m'a envoyé, celui qui s'est révélé à moi au bord du Jourdain, quand j'étais avec Jean le Batiste, comme mon Père, le Père, votre Père.

Pourquoi ces trois villes : Chorazin, Bethsaïde, et Capharnaüm ? Concernant Chorazin, elle n'est citée qu'ici et dans le passage parallèle de Matthieu (11, 20-24)... Pour Bethsaïde, d'après l'évangile de Jean elle serait la ville natale de Philippe, Pierre et André ; dans les synoptiques elle est nommée à deux ou trois reprises comme la ville vers laquelle se dirige ou aux environs de laquelle se trouve toute la troupe des disciples ; une fois seulement (Marc 8, 22-26) il est question d'une guérison, celle d'un aveugle, guérison pour laquelle Jésus doit s'y reprendre à deux fois ; selon Luc, ce serait encore aux environs de Bethsaïde qu'aurait eu lieu la multiplication des pains, mais selon Marc ce serait au contraire à l'opposé, de l'autre côté de la mer de Galilée...

Capharnaüm, c'est très différent. Capharnaüm est la ville dans laquelle Jésus avait établi son "quartier général", dans la maison de Pierre. C'est de là qu'il partait rayonner aux alentours, en Galilée, et là qu'il revenait "à la maison", comme il est dit en plusieurs occasions. C'est là qu'est située la "journée inaugurale", celle où il guérit le matin un possédé dans la synagogue, puis le midi la belle-mère de Pierre, puis le soir, une fois le shabbat passé, tous les malades, infirmes, et possédés, qu'on lui amène de toute la ville et des environs...! C'est là aussi, toujours dans cette maison de Pierre, qu'on fait descendre un jour devant lui un paralytique en le faisant passer à travers le toit :) C'est encore là que sa mère et ses frères, descendus de Nazareth pour se saisir de lui, persuadés qu'il est fou à lier, n'arriveront pas à l'atteindre à cause de la foule qui l'entoure.

On veut bien qu'il se soit produit de nombreux miracles dans chacune de ces trois villes, mais, concernant au moins Chorazin, on a du mal à imaginer qu'il s'en soit produit significativement plus que dans n'importe quelle autre agglomération de Galilée. Selon certains, ces trois villes auraient été le siège d'écoles rabbiniques de quelque importance. On peut supposer alors que, s'il y a eu école rabbinique (à strictement parler, le rabbinisme n'a commencé que vers la fin du premier siècle), c'est qu'il y avait eu auparavant, au temps de Jésus, école pharisienne, et on peut alors mieux discerner ce qui a pu se passer.

Sachant que Jésus a d'abord été un pur produit du pharisaïsme, mais qu'il a ensuite reçu une révélation, un appel prophétique, dont les évangiles témoignent au travers de l'épisode de son baptême par Jean le Baptiste, on conçoit que, revenant alors en Galilée, il a essayé de convaincre ses condisciples pharisiens de ce qu'il avait reçu, et de le leur transmettre, en s'adressant en premier à ceux de son école, Capharnaüm, et ensuite aux écoles pharisiennes d'autres villes, mais la plupart ne l'auraient pas suivi. On comprend bien, alors, pourquoi la diatribe est particulièrement sévère contre Capharnaüm. Ceci dit, ces invectives ne sont certainement pas à leur place ici (chez Luc), au milieu du discours d'envoi en mission des soixante-dix ! et d'ailleurs, Matthieu pour sa part, ne les insère pas au même endroit.

Reste cependant alors cette affirmation, qui en prend plus de relief : qui vous repousse me repousse et repousse celui qui m'a envoyé, celui que j'ai rencontré au bord du Jourdain, quand j'étais avec Jean le Batiste ; et celui qui vous accueille m'accueille et accueille celui-là, le même, qui m'a envoyé, celui qui s'est révélé à moi comme mon Père, le Père, votre Père.

 

 

Honte à toi ! Chorazin,
honte à toi ! Bethsaïde,
car si, à Tyr et Sidon, s'étaient produits
    les miracles qui se sont produits chez vous,
depuis longtemps, assises en sac et cendre,
    elles se seraient converties ;
aussi, pour Tyr et Sidon,
    au Jugement, ce sera plus supportable
    que pour vous.

Et toi, Capharnaüm,
    ce n'est pas au ciel, que tu te hausseras,
mais au schéol, que tu descendras.
    
Qui vous entend,
    c'est moi qu'il entend,
et qui vous repousse,
    c'est moi qu'il repousse,
mais qui me repousse
    repousse celui qui m'a envoyé.

(Luc 10, 13-16)

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