Partage d'évangile quotidien

D'un côté beaucoup de moisson mais de l'autre peu d'ouvriers ! que faire, alors ?

Des foules fatiguées, prostrées, comme un troupeau sans berger, malmenées, ballottées, au gré des événements, du hasard, ou des plus malins qu'elles, des plus forts. Cela n'a rien de nouveau ! c'est de tout temps. Et donc, que faire ? S'agit-il d'édifier une structure de plus, encore une hiérarchie, qui viendra, comme toutes les structures hiérarchiques, ajouter du malheur au malheur ? car toute hiérarchie, fatalement, intrinsèquement, ne peut être qu'une machine à broyer les individus, une machine à dépersonnaliser, anonymiser, chosifier, les personnes, les êtres.

Les "douze" : comment en est-on arrivé à construire l'édifice du christianisme sur ces "douze", alors que l'évangile de Jean ne les mentionne même presque pas, et que les synoptiques ne cessent de dénoncer leur vanité, jusqu'au bout, et même encore après la résurrection et les apparitions de Jésus ? Le seul but spirituel qui vaille n'est-il pas précisément que la personne, chaque personne, devienne autonome, capable de faire seule ses choix et son chemin, seule responsable devant Dieu et les hommes de ce qu'elle fait de sa vie? C'est à cela, et seulement à cela, que devrait viser toute personne prétendant en accompagner une autre dans une telle démarche.

Il y a alors comme un hiatus entre ces douze censés être devenus tellement "élevés" spirituellement que, à leur tour, des guérisons se produiraient par leur intermédiaire, et les même douze qu'on va bientôt voir se disputer entre eux pour savoir lequel d'entre eux sera le premier ministre dans le futur gouvernement d'Israël, sans compter que, d'une manière générale, de tels "signes", tels que les guérisons, s'avèrent le plus souvent être des obstacles dans leur démarche spirituelle pour ceux qui en bénéficient, comme on le voit après la multiplication des pains, quand la foule enthousiaste veut emmener Jésus de force à Jérusalem pour le faire couronner roi ! donnez-nous du pain et des jeux...

Que faire, alors ?

et Jésus parcourait toutes les villes et les villages,
    enseignant dans leurs synagogues
    et proclamant la bonne nouvelle du royaume
    et guérissant toute maladie et toute infirmité

alors, ayant vu les foules,
il fut remué jusqu'aux entrailles pour elles
    parce qu'elles étaient fatiguées et prostrées
comme un troupeau qui n'a pas de berger,
    alors il dit à ses disciples :
« D'un côté beaucoup de moisson
mais de l'autre peu d'ouvriers !
    Implorez donc le seigneur de la moisson
qu'il envoie des ouvriers
dans sa moisson ! »

    et ayant appelé à lui ses douze disciples,
il leur donna autorité sur les esprits impurs
    pour les jeter dehors
    et pour guérir toute maladie et toute infirmité ;
ces douze-là, Jésus les envoya
    les ayant informés en disant
« Sur le chemin des païens n'allez pas
    et dans la province des Samaritains n'entrez pas,
mais allez plutôt vers le troupeau perdu
de la maison d'Israël ;
    de plus, en allant, clamez en disant
que le royaume des cieux s'est approché,
les infirmes guérissez-les !
les morts réveillez-les !
les lépreux purifiez-les !
les démons expulsez-les !
gratuitement vous avez reçu :
    gratuitement donnez ! »

(Matthieu 9, 35 - 10, 1.5-8)