Partage d'évangile quotidien
<
Enregistrer le billet en pdf

L'esprit des lois

Mer. 13 Juin 2012

Matthieu 5, 17-19 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. 

« Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. » 

 

 

Les dix commandements, par He-Qi

 

 

voir aussi : Tout est bon, Proprement caballistique !, L'esprit de la lettre ?, A la lettre

On peut difficilement prendre au sérieux cette histoire de 'petit trait'. C'est un discours de scribe. Matthieu est effectivement un scribe, c'est un légaliste, et qui jongle perpétuellement entre sa fidélité à Jésus, qu'il veille à ne jamais trahir totalement, et la relativisation de la Loi, que ce dernier avait établie, mais que lui essaie de masquer. Ou dit autrement : il est déchiré entre son premier amour, la Loi, et le nouveau, Jésus, et il fait tout pour concilier les deux, au risque d'aller trop loin parfois.

Il est intéressant de regarder le parallèle de la première phrase de Matthieu chez Luc : "Jusqu'à Jean Baptiste, il y a eu la Loi et les Prophètes ; depuis lors, le royaume de Dieu..." (Luc 16, 16). On voit bien qu'on parle dans les deux cas de deux périodes qui se suivent, mais Luc, qui n'est pas juif d'origine, n'éprouve pas le besoin de souligner le lien de la seconde par rapport à la première.

Il ne s'agit pas de séparer l'annonce du royaume par Jésus de son contexte juif. Mais même la formule "non pas abolir, mais accomplir" n'implique pas ce qui vient ensuite, la sacralisation de la Loi jusqu'au moindre de ses signes diacritiques. Jésus lui-même a répondu en actes à une question du même genre lorsque Jean-Baptiste l'a fait interroger par ses disciples depuis le fond de sa prison : es-tu celui qui doit venir ? Non, Jésus n'assume pas toute la loi, tout l'héritage juif, sans discernement. Jésus témoigne seulement de sa propre expérience spirituelle, la primauté de l'humain sur tous les principes, toutes les idées, et même toutes les religions.

Commenter cet évangile