Partage d'évangile quotidien
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Je voyais satan tomber du ciel comme un éclair

Mer. 8 Mars 2023

Quel sens peut bien avoir pour nous la mort de Jésus ? En quoi est-elle manifestation de sa volonté de nous servir, de se faire notre esclave ? Les premiers chrétiens ont développé à ce sujet un concept qu'on appelle "rédemption" ou pour le dire plus concrètement "rachat, rançon". Mais ce concept est particulièrement mal choisi : quand on paye une rançon suite à un enlèvement, un rapt, on reconnaît implicitement par là que le ravisseur est plus fort que nous. Qui donc Dieu pourrait-il reconnaître comme plus fort que lui ? Devant quel adversaire devrait-il s'incliner pour s'abaisser à donner quelque chose en échange de notre libération ?

Jésus ne se prend pas pour Dieu, mais toute sa vie témoigne de ce que, bien loin de s'incliner devant quelque force du mal que ce soit, il leur arrache, leur vole, au contraire, ceux qu'elles ont pu prendre sous leur coupe, maintenir en leur pouvoir, en sorte qu'il pourra même dire : "Je regardais le satan comme un éclair, tomber du ciel !" (Luc 10,18). Il n'est pas question, donc, que ni Jésus, ni Dieu, ne paient quoi que ce soit à qui ou quoi que ce soit.

Non, si Jésus accepte de mourir, c'est pour témoigner — du mieux qu'il lui soit possible de le faire — de ce qu'il n'est pas Dieu, mais qu'au contraire sa personne n'a de sens que reçue de Dieu. Jésus n'est pas Dieu : il n'est pas dans ses attributions de décider qui siégera à ses côtés dans le "royaume", mais en acceptant de mourir, il prouve à quel point Dieu seul importe pour lui, à quel point pour lui Dieu est le seul être par excellence (le seul qui était, qui est et qui vient), et que nos êtres à nous, comme à lui Jésus, n'ont pas leur essence en eux-mêmes mais en Lui seul.

Bien entendu, on peut être sensible à ce témoignage, ou pas. On peut accepter que nous ne soyons pas notre propre origine, ou pas. On peut le ressentir comme étant une intolérable entrave à ce que nous pensons être notre liberté, ou, à l'exact inverse, en éprouver une incroyable libération : libération de la peur de la solitude, libération de la peur du non-sens, libération de la peur de la mort.

Si Jésus accepte sa mort, c'est en tout cas parce qu'il ne la craint d'aucune manière, en elle-même. Ce dont il a peur, par contre, ce sont des conditions dans lesquelles elle va se produire, c'est-à-dire des affres par lesquels il va devoir passer, sans doute parce que c'était le seul moyen de dissiper toutes les illusions que s'étaient faites à son sujet principalement ses partisans. Sans doute parce que, pour faire mourir le rôle du roi politique qu'ils voyaient en lui, seule une mort de prétendant à la royauté pouvait convenir.

Le linceul de Turin témoigne des souffrances effroyables que Jésus a dû subir. Pour autant, il est impossible d'affirmer que personne avant ou après lui n'aurait eu ou n'aura à en subir de pires, malheureusement... La croix n'est en aucun cas un modèle que nous aurions à chercher à imiter, ni même à prendre comme consolation de nos propres malheurs. La croix est une horreur qui doit nous faire nous indigner de toutes les horreurs, d'une part. Et d'autre part, elle est une invitation à rechercher pour nous-même la confiance lucide en Dieu qui a été nécessaire à Jésus pour qu'il puisse quand même l'accepter à l'avance.

 

 

 

 


En montant à Jérusalem,
Jésus prend avec lui les douze, à part,
    et sur le chemin il leur dit :
« Voici : nous montons à Jérusalem.
Le fils de l'homme sera livré
    aux grands prêtres et scribes :
ils le condamneront à mort.
Ils le livreront aux païens,
    pour le bafouer, fouetter,
    et mettre en croix.
Et, le troisième jour,
    il se réveillera. »

Alors s'approche de lui
    la mères des fils de Zébédée, avec ses fils.
Elle se prosterne pour lui demander quelque chose.
    Il lui dit :
« Que veux-tu ? »
    Elle lui dit :
« Dis que ceux-ci, mes deux fils, s'assoient,
    un à ta droite et un à ta gauche,
dans ton royaume. »

    Jésus répond et dit :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez :
    pouvez-vous boire la coupe
que moi je vais boire ? »
        Ils lui disent :
« Nous pouvons ! »
    Il leur dit :
« Ma coupe, vous la boirez.
Quant à s'asseoir à ma droite et à gauche,
    ce n'est pas à moi de le donner,
mais... pour qui c'est préparé par mon père. »

Les dix entendent
    et s'indignent autour des deux frères.
    Jésus les appelle à lui et dit :
« Vous savez que les chefs des nations
    dominent en seigneurs sur elles,
et les grands
    exercent de haut le pouvoir sur elles.
Il n'en sera pas ainsi parmi vous !
Mais qui voudra parmi vous devenir grand
    sera votre serviteur.
Et qui voudra parmi vous être premier
    sera votre esclave.
Comme le fils de l'homme :
il n'est pas venu pour être servi,
    mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour beaucoup. »

(Matthieu 20, 17-28)

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