Partage d'évangile quotidien

Disparaître un jour, retourner au néant, nous apparaît comme un scandale. Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi...

Dans notre culture occidentale, baignée dans le judéo-christianisme, la vie éternelle est comme le Graal après lequel la majorité d'entre nous courons. La mort nous semble une ennemie. Disparaître un jour, retourner au néant, nous apparaît comme un scandale. Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi. De même, dans les cultures traditionnelles d'orient, où l'arrière-plan métaphysique est plutôt celui des cycles de réincarnations qui se succèdent sans fin, le Graal, ce serait plutôt l'inverse : comment sortir enfin de ces vies, comment mourir une bonne fois pour toutes.

Ce que je dis là est caricatural, bien sûr. Le nirvana, ou moksha, n'est pas disparition, anéantissement, mais seulement fin des vies incarnées, de même que la résurrection est une vie qui n'est plus contrainte par la matérialité. Les perspectives des uns et des autres, quoi que puissent en dire les défenseurs acharnés des spécificités de l'un ou l'autre bord, se rejoignent, et peuvent bien être regroupées sous ce même vocable de "vie éternelle".

"Qu'ils te connaissent" : il y a ici toute la différence entre la croyance et la connaissance, ou entre la croyance et la foi, c'est la même chose. La foi, ce n'est pas juste une histoire de préférence personnelle, d'option, de choix, fait un peu au hasard, ou en suivant le raisonnement du pari de Pascal (on ne sait jamais, et ça ne peut pas faire de mal...). La foi est une connaissance, un savoir, et fondé sur l'expérience, mais pas sur une expérience externe — comme la connaissance dite "scientifique", celle qui ne s'intéresse qu'aux objets, au monde pris comme une collection d'objets, y compris aux êtres vivants et même humains, pris comme des objets...

"Toi, le seul Dieu" : ...effectivement, comme Dieu est une personne, la seule vraie connaissance que nous puissions en avoir — même si elle peut être préparée par un savoir intellectuel, culturel, et même affectif, transmis par la société dans laquelle nous sommes nés, ou par un autre moyen —, nécessite cependant une expérience personnelle intime de sa présence en nous et dans le monde : nous sommes en lui et lui est en nous, que nous l'appelions YHWH ou le Père ou Brahman ou le Tao ou la Voie etc.

Mais en quoi cette connaissance est-elle, en soi, la vie éternelle ?

Jésus parle ainsi,
    puis il lève les yeux au ciel et dit :

« Mon père, l'heure est venue,
glorifie ton fils,
    que le fils te glorifie,
et comme tu lui as donné pouvoir sur toute chair,
ainsi, à tous ceux que tu lui as donnés,
    lui, il leur donnera vie éternelle ;

et telle est la vie éternelle :
c'est qu'ils te connaissent,
    toi, le seul Dieu véritable,
de même qu'ils connaissent celui que tu as envoyé, Jésus messie.

Moi, je t'ai glorifié sur la terre,
    j'ai accompli l'œuvre que tu m'avais donnée à faire.
Et maintenant, glorifie-moi, toi mon Père,
    devant toi,
de la gloire que j'avais, avant que le monde soit,
    devant toi.

J'ai révélé ton nom aux hommes
    que tu m'as donnés venant du monde :
ils étaient à toi, et tu me les as donnés,
    et ta parole ils l'ont gardée.
Maintenant ils ont su
    que tout ce que tu m'as donné est de toi,
car les mots que tu m'as donnés,
    je les leur ai donnés,
et ils les ont reçus, et vraiment ils ont su
    que je suis venu de toi,
et ils ont cru
    que c'est toi qui m'a envoyé.

Moi, je prie pour eux ;
je ne prie pas pour le monde,
    mais pour ceux que tu m'as donnés,
car ils sont à toi,
et tout ce qui est à moi est à toi
et tout ce qui est à toi est à moi
    et j'ai été glorifié en eux.

et je ne suis plus dans le monde,
    et eux sont dans le monde,
et moi, je viens vers toi :
    père saint,
garde-les dans ton nom, ceux que tu m'as donnés,
    pour qu'ils soient uns comme nous.

(Jean 17, 1-11)