Partage d'évangile quotidien
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Courage !

Lun. 22 Mai 2023

Voici une heure où vous serez dispersés chacun chez soi...


La souffrance, personne ne la recherche, à part le cas maladif où on se l'inflige volontairement parce qu'on est en proie à un malaise qu'on n'arrive pas à définir, qu'on ressent seulement ; dans ces cas-là, effectivement, on va s'infliger une souffrance qu'on aura choisie et qui, pour un temps, masquera l'autre. Cela peut fonctionner pour un temps, et, si on a de la chance, pendant ce temps-là les causes de l'autre souffrance, l'indéfinissable, s'élucideront, disparaîtront, et on cessera alors aussi son comportement masochiste. Mais sinon, il y a de fortes chances qu'on finisse par se suicider, comme seul moyen d'échapper à notre mal-être.

Le suicide résulte toujours d'une souffrance qu'on ne peut plus supporter. Personne ne peut porter de jugement sur une personne qui se suicide, personne ne peut prétendre savoir ce que l'autre souffre, au contraire, tout suicide est un échec autant de ceux qui restent que de celle ou celui qui l'a commis. Il ne s'agit pas pour autant de se sentir nécessairement coupable, mais au moins coresponsable, même si nous avons le sentiment d'avoir fait tout ce que nous pouvions.

"Courage ! moi, j'ai vaincu le monde..." : si on se fie au témoignage du linceul de Turin, Jésus a effectivement souffert un tel supplice, déjà rien qu'au cours de sa flagellation, qu'il est surprenant qu'il ne soit pas mort dès ce moment-là ; on imagine alors ce que ça a pu être pour lui de porter encore son patibulum jusqu'au Golgotha, même aidé par Simon de Cyrène, et il n'est donc pas surprenant qu'il ait expiré relativement rapidement pour un crucifié, après deux ou trois petites heures. Pour autant, qui pourrait assurer qu'il ait enduré la plus grande souffrance jamais endurée par quiconque d'autre que lui, que ce soit avant lui ou après lui ? La cruauté et le sadisme humains sont malheureusement sans limites.

"Courage ! moi, j'ai vaincu le monde..." : contrairement à une lecture qui a pu, hélas, avoir trop de succès, bien trop longtemps, bien trop souvent, auprès de bien trop de personnes, la souffrance n'a rien de bon en soi, la souffrance n'a rien d'intrinsèquement salvifique. Mais, il est cependant vrai aussi, qu'au bout d'une souffrance plus ou moins patiemment endurée et traversée, peut se trouver un accroissement de notre être, nous pouvons nous en sentir grandis, mûris. Il y a de la souffrance dans notre vie (une vie sans souffrance, ça n'existe pas), cette souffrance n'est pas un bien en soi, mais arriver à passer au travers de cette souffrance et à la dépasser peut la transformer en bien.

"Courage ! moi, j'ai vaincu le monde..." : ne surtout pas comprendre cette phrase comme signifiant que Jésus aurait obtenu notre salut à notre place, malgré nous ! C'est juste un encouragement, une suggestion. On peut se demander aussi si, par cette "victoire sur le monde", il fait allusion par anticipation à sa future résurrection par Dieu ; mais dans ce cas il ne devrait pas en parler au passé. C'est donc plutôt une façon de parler de ce qu'il vit déjà, de sa relation à Dieu son père, qui ne le préserve pas de la souffrance, mais lui permet quand même de l'accepter à l'avance si elle est inévitable ?

 

 

    Ses disciples disent :
« Voici, maintenant tu parles en clair,
    tu ne parles plus en paraboles.
Maintenant, nous savons que tu sais tout,
    tu n'as pas besoin qu'on te questionne ;
en ceci nous croyons que tu es sorti de Dieu. »

    Jésus leur répond :
« À présent vous croyez ?
Voici, une heure vient, et elle est venue,
où vous serez dispersés chacun chez soi,
    et vous me laisserez seul
(mais je ne suis pas seul
car le Père est avec moi).

Je vous ai dit cela
    pour qu'en moi vous ayez la paix :
dans le monde vous avez de la souffrance,
    mais courage !
moi, j'ai vaincu le monde... »

(Jean 16, 29-33)

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R
« "Courage! moi, j'ai vaincu le monde..." : contrairement à une lecture qui a pu, hélas, avoir trop de succès, bien trop longtemps, bien trop souvent, auprès de bien trop de personnes, la souffrance n'a rien de bon en soi, la souffrance n'a rien d'intrinsèquement salvifique. » Cela demande une explication, tellement il y a de vents contraires.
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A
Si on commence à penser que Dieu ait eu besoin de racheter les humains pour les sauver, il faut alors expliquer à qui Dieu a dû payer le prix de ce rachat, qui a été plus fort que Dieu pour que Dieu devienne son obligé : qui est au-dessus de Dieu ?