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Retournement

Mar. 16 Mai 2023

Il est de votre intérêt que moi je m'en aille


Un des leitmotive des premiers "pères de l'Église" est que : "Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu". La question étant de savoir comment comprendre ce "devenir Dieu" ? Dans son entretien avec Nicodème, Jésus donne sa réponse : c'est comme une seconde naissance, il s'agit de naître de l'Esprit. Est-ce à dire que, lorsque nous venons au monde, lorsque nous sommes conçus, lorsque l'ovule et le spermatozoïde s'unissent, l'Esprit est ailleurs, qu'il n'est pas concerné par cet événement, et qu'il faudra une opération spéciale par la suite (baptême, confirmation, épreuve initiatique, imposition des mains, plongeon dans l'eau) pour le faire entrer dans ce corps ? comme à l'époque où on s'empressait de baptiser les nouveaux-nés à peine sortis de l'utérus parce que s'ils mourraient avant ça ils ne pourraient pas aller au paradis...

L'Esprit est bien présent en tout ce qui est, rien de ce qui est manifesté n'aurait pu l'être, et ne pourrait même se maintenir, si ce n'était lui qui le faisait. Naître à l'Esprit ne consiste donc pas en un changement de notre nature, mais il faut plutôt le comparer au changement qu'a été notre première naissance : nous existions déjà dans le ventre de notre mère, mais en sortir a quand même été un changement radical, biologiquement déjà avec notamment la respiration qui a commencé à ce moment-là, et bien sûr aussi psychologiquement.

Naître à l'Esprit est donc plus un changement d'attitude d'esprit. Les premiers pères de l'Église, encore eux, l'ont d'ailleurs appelé métanoïa, ce qui signifie exactement cela. Mais on peut y ajouter que ce changement est souvent un retournement, car, au moins en occident, l'image culturelle dominante que l'on a du divin est celle de sa transcendance. On se représente spontanément Dieu comme nous étant extérieur. Découvrir sa présence intérieure bouleverse alors complètement notre rapport à lui, même si, bien sûr, son immanence n'annule pas sa transcendance pour autant...

Jésus s'en va et, comme nous l'avons déjà vu tous ces jours-ci, il annonce la venue de l'Esprit, ce qui signifie donc que ses disciples vont faire cette expérience de la métanoïa, de la naissance à l'Esprit. Du moins c'est ce qu'il espère, sans qu'il puisse être sûr que c'est ce qui se produira pour tous. Et puis, au-delà de ceux qui sont là aujourd'hui autour de lui, de ceux qui l'ont connu de son vivant, il y a tous ceux qui entendront peut-être parler de lui un jour. Et pas plus pour les premiers que pour les autres, il ne peut savoir ce qui se passera dans les faits, l'Esprit ne va pas s'imposer à eux ; il les invite seulement à se tourner vers lui, il le leur souhaite, mais lui maintenant "va vers le Père" et eux "ne le verront plus". Que feront-ils ? En resteront-ils là ? et dans ce cas, tôt ou tard, ils finiront même par revenir en arrière, "ils ne croiront plus en lui".

 

 

Ces choses, je ne vous les ai pas dites
    depuis le commencement,
parce que j'étais avec vous,
mais maintenant je vais vers celui qui m'a envoyé.
    Et aucun de vous ne me questionne :
où vas-tu ?
mais parce que je vous ai parlé ainsi,
    la tristesse remplit votre cœur.
    
Mais je vous dis la vérité :
    il est de votre intérêt que moi je m'en aille,
car si je ne m'en vais pas,
    le défenseur ne viendra pas à vous,
alors que si je pars, je vous l'enverrai.

En venant, il confondra le monde
    à propos de péché, et de droiture, et de jugement.
À propos de péché,
    car ils ne croient pas en moi.
À propos de droiture,
    car je vais vers le Père
    et que vous ne me verrez plus.
À propos de jugement,
    car le chef de ce monde est jugé.

(Jean 16, 4b-11)

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