Partage d'évangile quotidien
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J'ai encore beaucoup à vous dire

Mer. 17 Mai 2023

Dans tout les livres de la seconde Alliance, le vocabulaire qui parle de la résurrection de Jésus consiste en deux verbes : être réveillé et se relever. Et ces deux verbes sont toujours utilisés sous ces formes-là : il n'est jamais dit que Jésus "s'est réveillé" mais toujours qu'il "a été réveillé" (on dit en grec que le verbe est à la voix passive : Jésus est l'objet de l'action du réveil). Et qui réveille Jésus de la mort, le premier discours de Pierre (et d'autres passages aussi) le dit : "ce Jésus que, vous, vous avez crucifié, Dieu, lui , l'a réveillé". Une fois réveillé, alors seulement Jésus est capable de se relever lui-même, tout seul comme un grand (et là le verbe est à la voix médiane ; Jésus est à la fois le sujet et l'objet de l'action).

On peut en conclure que, si tant est que Jésus ne soit pas qu'un homme mais aussi Dieu, ce supposé état de fait n'a pu être une certitude pour lui que lorsqu'il a été réveillé de la mort. Au cours de sa vie, Jésus n'a certainement pas eu conscience d'être non seulement homme mais aussi Dieu lui-même, du moins pas plus que ce qui nous est accessible à nous tous, à savoir toujours cette naissance à l'Esprit dont il est question dans l'entretien avec Nicodème. On peut supposer que ce dont Jésus a parlé là, c'est ce qu'il a vécu lui-même : à un moment de sa vie, il a découvert la présence de Dieu en lui-même, il a pris conscience de cette immanence, laquelle est une réalité universelle.

Cependant, contrairement à ce qu'on peut imaginer avant d'avoir soi-même vécu cette prise de conscience, cette seconde naissance n'est aucunement la fin du chemin, de la voie, mais au contraire, ce n'en est que le début. Certes cette première prise de conscience change tout, mais c'est bien exactement comme pour notre naissance physique : que dirait-on d'un nouveau-né qui, une fois sorti du ventre de sa mère, estimerait avoir ainsi été au bout de ce qu'il avait à vivre ? Non, bien sûr, il a encore, normalement, une longue vie devant lui, à découvrir. Il en va bien de même pour la seconde naissance.

Si tant est, donc, que Jésus puisse être dit pleinement Dieu en plus d'être homme, cette plénitude, il n'a pu en prendre pleinement conscience que lorsque il a été réveillé, après sa mort... Ceci implique nécessairement qu'en aucun cas il n'a pu — et certainement ne l'a-t-il jamais fait — parler en JE au nom de sa divinité. Ce n'est donc certainement pas lui qui a pu dire que l'Esprit annoncerait aux disciples ce qui vient de LUI Jésus-Dieu.

On peut être surpris de l'audace des évangélistes à faire dire à Jésus des paroles qu'il n'a certainement pas dites, mais ce procédé était courant à l'époque. Combien d'empereurs romains sont censés, selon leurs historiographes officiels, être nés des amours d'un dieu avec une femme ? personne n'est dupe. Les évangélistes nous transmettent ce qu'ils ont compris, eux : c'est la réalité telles qu'ils la vivent, et elle n'est pas entièrement fausse, c'est juste qu'ils rétro-projettent dans le passé les conclusions auxquelles ils sont arrivés plus tard.

Et il est bien réel que, dans l'expérience que nous pouvons faire de l'Esprit, Jésus est aussi présent, ainsi que tous ceux qui avant et après lui, dans toutes les cultures, toutes les religions, toutes les philosophies, toutes les voies, ont aussi fait cette même expérience.

 

 

J'ai encore beaucoup à vous dire
    mais vous ne pouvez porter à présent.

Mais, quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité,
    il vous conduira dans la vérité tout entière
car il ne parlera pas de lui-même
    mais ce qu'il entendra, il le dira,
    et l'à-venir, il vous l'annoncera.
    
Lui me glorifiera,
    car il recevra de ce qui est mien et vous l'annoncera
(tout ce qu'a le Père est à moi,
c'est pourquoi j'ai dit
    qu'il recevra de ce qui est mien et vous l'annoncera.)

(Jean 16, 12-15)

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