Partage d'évangile quotidien
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Prêts sans intérêts

Ven. 1 Septembre 2023

Le thème des noces, dans la culture biblique, évoque automatiquement celles de Dieu avec son peuple. C'est une image, un mashal, qui traverse un peu toute la Bible, tout particulièrement le Cantique des cantiques bien sûr, mais il est aussi évoqué par les prophètes, notamment Osée, dans les évangiles, déjà avec Jean-Baptiste (qui parle de Jésus comme étant l'époux tandis que lui, Jean, n'est que l'ami de l'époux), et jusque dans l'Apocalypse, où il est question des noces de l'agneau... Il ne faut donc pas être surpris qu'on ne parle ici que du fiancé et pas de la fiancée, cette dernière est multiple, ce sont ces dix vierges, toutes appelées à convoler en justes noces.

Il y a un hiatus entre la morale supposée conclure ce mashal — "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l'heure" — et l'histoire elle-même, qui nous parle de dix vierges qui, toutes, "s'assoupirent", et toutes "dormaient", au moment où fut annoncée l'arrivée du fiancé... Ce dont il s'agit n'est donc quand même pas de se mettre martel en tête et d'être en permanence sur le qui-vive, mais pas non plus, à l'inverse, de s'imaginer que nous n'avons rien à faire et que tout nous tombera tout cuit dans le bec rien qu'en l'ouvrant bien grand !

On ne nous dit pas quelle est cette voix qui réveille tout le monde à l'arrivée du fiancé... peut-être symbolise-t-elle la hiérarchie, ceux qui sont censés, comme dans le mashal d'hier, avoir été établis pour veiller sur le troupeau jusqu'au supposé retour de Jésus à la fin des temps ? ceci signifierait alors que certains n'auraient pas droit au repos, certains devraient, eux, effectivement, veiller sans cesse nuit et jour ; à moins qu'ils n'aient eux-même leurs propres veilleurs prêts à les alerter si besoin, etc. Telle est bien la notion de hiérarchie, mais qui mène à cette absurdité de tout faire reposer, au final, sur un seul...

Il vaut mieux penser que ce cri dans la nuit est intérieur. Comme le dit justement le Cantique des cantiques (5, 2) : "Je dors, mais mon cœur veille..." Ce moment attendu, quelque chose en moi sait qu'il est venu, il est là, l'heure est arrivée, j'ai bien pensé à faire ma provision d'huile — c'est-à-dire d'Esprit saint, je suis pleine d'Esprit saint, je peux resplendir de beauté —, contrairement à celles-là, qui ne se sont réveillées que parce qu'elles ont entendu notre agitation, mais qui se rendent compte, trop tard, qu'elles en sont dépourvues.

Évidemment, dit comme ça, ça semble manquer de charité, que de refuser de partager notre huile avec elles, si on ne comprend pas ce qu'elle symbolise. Mais c'est un peu le principe des meshalim, que de présenter des situations extrêmes, pour faire réagir. Entrer dans la vie de l'Esprit, s'unir à l'époux, cela peut se transmettre, et même on ne peut l'apprendre que par transmission, on l'apprend d'autres personnes qui le vivent déjà, même éventuellement sans qu'on le sache. Mais encore faut-il le vouloir, vouloir être comme elles, en général.

 

 

Alors le royaume des cieux sera semblable à :
dix vierges qui prirent leurs lampes
    et sortirent à la rencontre du fiancé ;
or cinq d'entre elles étaient écervelées
    et cinq sensées,
et les écervelées prirent leurs lampes
    mais ne prirent pas d'huile avec elles,
tandis que les sensées prirent de l'huile
    dans les récipients avec leurs lampes.

Comme le fiancé tardait,
    elles s'assoupirent toutes et elles dormaient
    quand, au milieu de la nuit, il y eut un cri :
"Voici le fiancé ! sortez à sa rencontre !" ;
alors elles se réveillèrent, toutes ces vierges,
et elles préparèrent leurs lampes,
    et les écervelées dirent aux sensées :
"Donnez-nous de votre huile !
car nos lampes sont éteintes",
    mais les sensées répondirent en disant :
"Sûrement pas, il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous.
    Allez plutôt chez les marchands et achetez-vous en !"
et elles allèrent en acheter.

Et le fiancé arriva,
et celles qui étaient prêtes allèrent avec lui aux noces,
    et la porte fut fermée ;
et puis vinrent aussi les autres vierges,
disant : “Seigneur, Seigneur ! Ouvre-nous !”,
    mais il répondit et dit :
"Amen, je vous dis :
    je ne vous connais pas."

Veillez donc,
    car vous ne savez ni le jour, ni l'heure.

(Matthieu 25, 1-13)

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