Partage d'évangile quotidien
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Changer de paradigme

Jeu. 18 Avril 2024

Ce que Paul appelle le corps mystique du Christ, cette entité spirituelle composée de l'humanité toute entière de tout lieu et à travers tous les âges, passés, présents, et à venir. Une telle entité existe-t-elle ?

"Le pain que je donnerai, c'est ma chair" : il ne faut pas prendre ici ce mot "chair" dans le sens restreint du corps physique par opposition au psychisme, autrement dit l'âme. Il faut se rappeler l'anthropologie biblique pour laquelle, contrairement à l'anthropologie grecque, le corps et l'âme ne sont pas deux principes séparables et opposés l'un à l'autre. Dans l'anthropologie biblique, il n'existe pas de corps sans âme, ou alors c'est ce qu'on appelle un cadavre : un corps, c'est un corps vivant, et un corps ne peut être vivant que parce que animé par une âme, l'âme est la vie du corps. Et réciproquement, il n'existe pas d'âme qui n'anime pas un corps. Un être humain, c'est une âme vivante.

"Le pain que je donnerai, c'est ma chair" : on aurait donc pu avoir aussi bien "le pain que je donnerai c'est mon âme", autrement dit, c'est sa vie, c'est une allusion à l'acceptation qu'il va faire de mourir, témoignant ainsi de ce qu'il sait de l'esprit, le troisième "élément", le "souffle" de YHWH insufflé en nous et qui, seul, nous a fait devenir cette âme vivante. On pourrait donc dire que, dans l'anthropologie biblique, s'il y avait comme une division en nous, elle serait plutôt entre l'esprit d'une part et l'âme vivante, l'âme incarnée, d'autre part, ou dit encore autrement entre le divin et l'animal. Mais ce serait encore excessif, et en étant prêt à renoncer à sa vie, Jésus dit seulement sa connaissance, sa certitude, que c'est l'esprit qui est son origine et que cet esprit, lui, est éternel.

L'esprit, le souffle, c'est donc la présence de Dieu, Dieu lui-même, qui est présent en nous, en moi, en chacune et chacun, personnellement, individuellement en quelque sorte ; mais comme déjà dit à de nombreuses reprises, cela ne signifie pas que je puisse dire "je" en tant que cette présence. Mon "je", mon "moi", se limite justement à l'âme vivante, et peut seulement percevoir, avoir l'intuition, de la présence divine comme étant son origine. "Personne n'a vu le Père sinon celui qui est de Dieu" : la présence divine en nous est évidemment de Dieu, c'est elle qui voit le Père, et qui en témoigne pour nous ; nous, nous entendons sa voix, son témoignage, et c'est ainsi que nous connaissons aussi un peu quelque chose du Père.

C'est ainsi l'immanence, l'Esprit à l'origine de notre être, qui témoigne en nous de la transcendance, autrement dit du Père. Poussés par l'Esprit, attirés par le Père, nous sommes alors progressivement configurés au Fils, autrement dit à ce que Paul appelle le corps mystique du Christ, cette entité spirituelle composée de l'humanité toute entière de tout lieu et à travers tous les âges, passés, présents, et à venir. Une telle entité existe-t-elle ? elle serait en tout cas l'aboutissement logique de l'évolution terrestre, après l'apparition de la vie par synergie complexe de certaines molécules, et après l'apparition de la conscience par synergie complexe de certaines cellules, la logique permet de supposer l'apparition d'encore autre chose d'entièrement nouveau par synergie complexe de certaines consciences...

!?

 

 

alors les Judéens récriminaient à son sujet
    parce qu'il avait dit
« je suis le pain descendu du ciel »
    et ils disaient
« celui-ci n'est-il pas Jésus fils de Joseph ?
duquel nous connaissons le père et la mère
    comment donc dit-il
"du ciel je suis descendu" ? »
    Jésus répondit et leur dit

« ne récriminez pas les uns avec les autres !
personne ne peut venir à moi
    si le Père qui m'a envoyé ne l'attire
et moi je le relèverai au dernier jour

il est écrit dans les prophètes
"et ils seront tous enseignés par Dieu"
quiconque ayant entendu ce qui vient du Père et l'ayant appris
    vient à moi
bien que personne n'ait vu le Père
sinon celui qui est de Dieu
    lui il a vu le Père

amen amen je vous dis
    qui croit a vie éternelle
moi je suis le pain de la vie
vos pères ont mangé dans le désert la manne
    puis ils ont péri
mais voilà le pain descendant du ciel
    afin que quiconque en mange et ne périsse pas :
moi je suis le pain vivant descendu du ciel
    si quelqu'un mange de ce pain il vivra pour l'éternité
car le pain que moi je donnerai c'est ma chair
    pour la vie du monde »

(Jean 6, 41-51)

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