Partage d'évangile quotidien
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Chacun chez soi

Jeu. 30 Juin 2011

Matthieu 9, 1-8 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

Jésus monta en barque, traversa le lac et alla dans sa ville de Capharnaüm. Et voilà qu'on lui apportait un paralysé, couché sur une civière. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Confiance, mon fils, tes péchés sont pardonnés. » 

Or, quelques scribes se disaient : « Cet homme blasphème. » Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises ? Qu'est-ce qui est le plus facile ? de dire : 'Tes péchés sont pardonnés', ou bien de dire : 'Lève-toi et marche' ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés...» alors, il dit au paralysé : « Lève-toi, prends ta civière, et rentre chez toi. » 

L'homme se leva et rentra chez lui. En voyant cela, la foule fut saisie de crainte, et elle rendit gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes. 

 

 

Le paradis perdu, par He-Qi

 

 

voir aussi : Trop facile

Encore un épisode où Matthieu a tellement simplifié, par rapport à Marc et Luc, que son texte en devient difficilement compréhensible. Ainsi, on se demande pourquoi Jésus remarque la foi de ces gens qui lui amènent le paralysé. Marc et Luc détaillent leur obstination, jusqu'à percer le toit de la maison pour arriver à l'atteindre malgré la foule. Matthieu dit seulement qu'ils l'ont amené là. Il y en a eu bien d'autres, la dernière soirée qu'il a passée à Capharnaüm ... !

Mais comme pour l'épisode d'hier, Matthieu ajoute pourtant une petite nuance qui ne laisse pas de surprendre au premier abord. Il précise que le motif pour lequel la foule rend gloire à Dieu est qu'il "a donné un tel pouvoir aux hommes". On pourrait glisser sur ce détail, l'assimiler au pouvoir de guérison que Jésus vient de manifester. Mais il n'est pas possible de réduire ainsi cette remarque. 'Homme' est bien mis ici au pluriel. Le pouvoir dont il est question fait écho à la remarque des scribes et à la réponse que leur fait Jésus : le Fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés.

Ce pluriel utilisé par Matthieu nous situe dans le contexte d'après la résurrection. Il s'agit de la communauté chrétienne pour laquelle il écrit, avec à sa tête un ou des apôtres qui ont reçu en héritage, de Jésus, ce pouvoir. Derrière cet émerveillement, il y a déjà toute une évolution de la pensée chrétienne, qui a fait sienne le rejet de l'institution du Temple, précédemment la seule habilitée à obtenir le pardon. Cette économie du salut est désormais caduque. La rupture est consommée entre le judaïsme sacrificiel et le christianisme messianique.