Partage d'évangile quotidien
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Deuxième avertissement

Sam. 29 Septembre 2012

Luc 9, 43-45 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

Et tous étaient frappés d'étonnement devant la grandeur de Dieu. 

« Mettez-vous bien en tête ce que je vous dis là : le Fils de l'homme va être livré aux mains des hommes. » 

Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles, elles restaient voilées pour eux, si bien qu'ils n'en saisissaient pas le sens, et ils avaient peur de l'interroger sur ces paroles. 

 

 

La crucifixion, par He-Qi

 

 

voir aussi : Manipulations, Grandeur et servitude

Après la multiplication des pains, et la tentative par la foule, poussée par les zélotes et avec l'assentiment des disciples, de le propulser roi, Jésus avait dû réagir fortement pour corriger le tir. C'était l'épisode d'hier : non, il n'est pas le messie et, en fait, tout ça va très mal finir pour lui. Puis, selon Luc, se place alors l'épisode dit de la transfiguration, qui doit permettre à Pierre, Jacques et Jean, les seuls témoins parmi les douze, de comprendre que la mort future de Jésus ne sera pas une défaite. L'ont-ils compris ? pas sur le moment, mais sans doute après la résurrection, oui.

Mais pendant qu'ils étaient sur la montagne avec Moïse et Élie, les neuf autres n'ont pu s'empêcher d'en faire des leurs. Un pauvre homme est venu plaider la cause de son fils, possédé d'un esprit qui le mettait régulièrement dans des crises du genre épilepsie. Les neuf, tous ou partie, sans sourciller, se font fort d'y remédier, et tombent sur un bec : ils en sont incapables. Pan ! pour leur ego. Depuis qu'ils avaient été envoyés en mission par Jésus avec de pouvoirs de guérison et d'exorcisme, ils s'imaginaient propriétaires de ces pouvoirs, et comptaient bien en tirer gloire !

Il apparaît ainsi clairement que toutes ces merveilles ne sont pas indépendantes de l'état d'esprit dans lequel se trouve le thaumaturge... Jésus, en trouvant la situation en descendant de la montagne, fulmine contre ses disciples : "jusques à quand devrai-je vous supporter, génération sans foi et pervertie" ! Il rattrape quand même le coup, guérit le malheureux, mais il doit donc opérer une seconde clarification avec ses troupes : "mettez-vous donc bien dans la tête..."

On le voit, il leur est bien difficile de renoncer à tous leurs rêves très terre-à-terre. Il faut les comprendre. Ce sont de petites gens, pour la plupart. Ils supportent depuis des générations une société dont l'injustice et la brutalité ferait pâlir Marx et toutes nos aspirations modernes à l'équité et à la paix. Ils sont tombés sur celui-ci, qui pourrait, s'il le voulait, les faire sortir de leur condition, et pas seulement eux, ils ne sont pas qu'égoïstes. La partie est perdue d'avance pour Jésus, qui le sait pertinemment, et c'est bien la raison pour laquelle il faudra que ça se finisse comme ça va se finir.

Et nous, que nous inspirent des expressions comme Christ roi, Fils de Dieu, Royaume, même ? Sommes-nous sûrs d'en avoir encore besoin pour décrire ce que Jésus nous inspire ? Lui pourtant se considérait principalement comme fils d'homme, et s'il a certainement parlé d'une royauté, c'était de celle, toute relative, familiale et affectueuse, du papa pour ses petits enfants !