Pitié incorrigible
Un lépreux vient trouver Jésus ; il tombe à ses genoux et le supplie : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Pris de pitié devant cet homme, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
A l'instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié. Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi : ta guérison sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus d'entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d'éviter les lieux habités, mais de partout on venait à lui.
voir aussi : Purification (2°)
Est-ce de la naïveté de la part de Jésus que d'espérer que le lépreux purifié n'irait pas raconter partout les circonstances de sa guérison ? Marc, en tout cas, nous rapporte cet épisode pour montrer que Jésus n'était pas avide de publicité, mais aurait aimé au contraire passer inaperçu.
De même, l'injonction d'aller voir le prêtre et de s'aquitter de l'offrande prévue, veut montrer que Jésus ne se sent pas au-dessus de la Loi, qu'il est bien juif et désireux de le rester, Que des signes qui sortent de l'ordinaire (mais tout signe sort nécessairement de l'ordinaire) s'accomplissent par lui signifie seulement que le Dieu de l'Alliance l'a choisi et veut délivrer un message à son peuple par son intermédiaire. Il n'y a là rien qui remette en cause cette Alliance. Jésus est un prophète comme tant d'autres avant lui, et vraisemblablement tant d'autres après lui.
On pourrait prendre le "je le veux, sois purifié" de Jésus comme impliquant que c'est par un effort de sa volonté qu'il accomplit le miracle, qu'il en est l'auteur. Mais ces paroles ne font en fait que reprendre exactement celles du lépreux. En les prononçant, Jésus montre seulement qu'il accepte ce rôle que cet homme veut qu'il joue. Oui, il est d'accord avec lui, il a été pris de pitié pour son sort et il épouse sa cause. Dieu fera bien alors ce qu'il veut.
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