Secrets
En partant de là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu'on le sache. Car il les instruisait en disant : « Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l'interroger.
Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demandait : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S'étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d'eux, l'embrassa, et leur dit : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé. »
Quel contraste entre les préoccupations attribuées à Jésus et celles des disciples. L'un envisage comme clou, si l'on peut dire, de sa mission de se laisser crucifier, quand les autres font assaut d'arguments pour se prouver les uns aux autres qu'ils sont les plus grands. Une sorte de campagne électorale pour savoir qui sera le premier ministre.
C'est le thème de Marc : personne n'a compris qui était Jésus, de son vivant. Jusqu'au bout, les disciples ne comprendront, pas mieux que les foules, que Jésus n'est pas là pour restaurer le royaume de David. Seul le tombeau vide leur ouvrira les yeux, et c'est là leur seul avantage, qu'ayant été plus proche de lui durant sa vie, ils seront les premiers à être touchés par le retournement de l'Esprit.
Ceci dit, Jésus n'a jamais pu avoir une idée aussi étrangère au judaïsme que la résurrection, et l'ensemble de cet épisode ne peut être qu'un montage, mais un montage dont les autres éléments sont certainement vrais. Vraie la préoccupation constante des disciples quant-à leur grandeur présente et surtout future. Vraie aussi l'invitation faite par Jésus de prendre exemple sur les enfants. La considération nulle qui leur était accordée de son vivant et encore longtemps par la suite implique que cette notion vienne de lui.
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