Secrets de famille
Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ.Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret. Il avait formé ce projet, lorsque l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela arriva pour que s'accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d'Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse,
voir aussi : Dieu, avec nous !, L'accomplissement des écritures
Personnellement, je ne vois pas pourquoi Dieu aurait eu besoin de la conception virginale pour accomplir ses desseins. De nos jours, maintenir une telle opinion implique une condamnation de la relation sexuelle : il faut penser qu'il y a forcément quelque chose de perverti dans toute relation sexuelle pour douter que Jésus ait pu être conçu 'normalement' par Joseph et Marie.
Mais on aurait tort de croire que ce sont ces motivations qui ont mené à l'élaboration de la conception virginale. C'est pire, en fait. À l'époque, on ne sait pas que l'enfant est conçu par ses deux parents, on pense que c'est l'homme seul qui procrée, qu'il fournit une cellule germinale complète, un embryon microscopique, et que la femme n'est qu'une matrice, l'environnement adéquat au premier développement de cet embryon, une super-couveuse naturelle. Jésus n'est donc pas un homme, à strictement parler, du moins pas un homme comme nous tous, hommes descendants d'hommes.
Pour ma part, donc, à partir de là Jésus ne me parle plus. Il peut dire et faire des choses qui évoquent des échos en moi, mais qui ne peuvent m'impliquer, parce qu'il y aura toujours ce doute : s'il a fait ceci ou cela ne signifie pas que j'en suis capable moi aussi. Il n'y a pas moyen de discerner entre ce qui lui est propre du fait de sa conception et ce qui est commun entre lui et nous. Il ne peut pas nous servir de modèle, il devient un conseilleur mais qui ne sait pas vraiment ce que nous vivons.
Même sa mort, même sa Passion, peuvent devenir sujettes à caution. Nous savons très bien que nous ne pouvons pas savoir ce qu'est la souffrance d'un autre. À plus forte raison avec un "Dieu fait homme' : rien n'empêche qu'il ait pu présenter toutes les apparences de la souffrance sans en être pour autant le moins du monde affecté. Ou l'inverse, aussi, mais ça ne nous concerne pas plus.
Bref, toute cette histoire de conception virginale me semble, quant à moi, à mettre au plus vite à la poubelle. Ceci posé, on peut remarquer quelques nuances. Par exemple que Matthieu ne parle pas d'annonciation à Marie. Pour Matthieu, bon juif de chez les juifs, celui qui compte c'est Joseph. Qu'une fille se retrouve enceinte sans qu'on ne sache trop comment, basta ! mais que va faire le fiancé ? Imaginez son dilemme, ce cas de conscience...
Mais c'est qu'il a raison, Matthieu. Lui, il sait bien comment cela aurait dû se passer, la répudiation pour adultère, la lapidation. Et c'est la première question que se pose son auditoire. Il faut être ce Luc de chez les grecs pour ne pas même comprendre qu'il y avait là un problème majeur.
Commenter cet évangile