Partage d'évangile quotidien
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Vous pleurerez et sangloterez

Ven. 19 Mai 2023

La  joie, oui, mais pas n'importe laquelle... Cette joie-là n'est en rien exubérante. Ce n'est pas la joie du supporteur de foot lorsque son équipe a gagné. Ce n'est pas une joie qui va s'exprimer par une cuite mémorable, comme pourront le faire certains pères à la naissance de leur premier enfant. C'est une joie qui a été durement gagnée, il a fallu en payer le prix. C'est une joie toute intériorisée. Peut-être l'appellerait-on plus justement béatitude ou sérénité ?

Dans cet accouchement-là — qui parle bien sûr de la seconde naissance que vont vivre les disciples lorsque la résurrection de Jésus les ouvrira à l'Esprit —, il en va bien de même : le nouveau-né, ce n'est plus vraiment moi ; c'est moi, mais c'est un moi qui est au-delà de moi. C'est comme Paul le dira (Galates 2, 20) : "ce n'est plus moi qui vis, mais c'est Christ qui vit en moi". On peut d'ailleurs noter qu'il n'est pas dit ici que les disciples se réjouiront parce qu'ils reverront Jésus, mais parce que Jésus les verra...

Cette seconde naissance nous fait bien passer comme par une mort, mort à nous-même, mort à ce que nous avons toujours considéré être notre moi, non que ce moi ne serve à rien, mais que sa place n'est pas celle-là que nous lui avions toujours attribuée : s'il a été le premier chronologiquement, il n'est pas le plus important. C'est encore Paul qui le dit (1 Corinthiens 15, 45) : "le premier homme est une âme qui vit, le dernier homme est un esprit qui donne vie", où l'âme qui vit désigne ce moi que nous avons reçu avec la vie, les deux étant inséparables.

Quand on en arrive là, à bien vivre ce moi comme étant secondaire, important mais secondaire quand même, alors on peut être comme Jésus maintenant, à la veille de sa mort : confiant, puisque, ce qui va mourir, ce n'est que ce moi non essentiel, l'âme qui a reçu la vie, et qui n'a nul besoin de survivre, tandis que l'esprit qui donne la vie, lui, ne peut en aucune manière disparaître.

Cet esprit qui donne la vie, Paul l'appelle donc le Christ, de la même manière que l'hindouisme parle de l'Atman, d'autres parleront du Soi. C'est en fait un principe partagé par toutes les démarches spirituelles qui prennent en compte une notion de transcendance. Mais peut-on d'ailleurs parler de spiritualité si on réfute toute transcendance ?

 

 

Amen, amen, je vous dis :
vous pleurerez et sangloterez,
    et le monde se réjouira.

Vous serez attristés,
    mais votre tristesse deviendra joie.
La femme au moment d'enfanter a de la tristesse,
    car son heure est venue.
Quand le petit enfant est né,
elle ne se souvient plus de la souffrance à cause de la joie :
    car un homme est né au monde.

Et vous donc, maintenant, vous avez de la tristesse.
Mais ensuite je vous verrai
    et votre cœur se réjouira
et votre joie, nul ne peut vous l'ôter.

(Jean 16, 20-22)

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