Partage d'évangile quotidien
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Rendez à Dieu

Mar. 15 Octobre 2013

Luc 11, 37-41 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

Comme il parlait, un pharisien le convie à déjeuner chez lui. Il entre et s'allonge,  mais le pharisien s'étonne en voyant qu'il n'a pas d'abord fait ablution avant le déjeuner. 

Mais le Seigneur lui dit : « C'est bien vous, les pharisiens ! Le dehors de la coupe et du plat, vous le purifiez, mais votre dedans est rempli de rapine et de mauvaiseté ! Insensés ! Celui qui a fait le dehors n'a pas fait aussi le dedans ? 

« Seulement, le contenu, donnez-le en aumônes, et voici : tout est pur pour vous ! » 

 

 

Le paradis perdu, par He-Qi

 

 

voir aussi : Nettoyage par le vide, Feuilles de vigne, Claire voyance, Jouissance

Luc place maintenant la série de malédictions qu'on retrouve plus ou moins chez Matthieu, mais plus tard, après l'entrée à Jérusalem. Le choix de Matthieu répond à deux motifs : d'une part, la période du séjour à Jérusalem a certainement été la plus riche en controverses entre Jésus et les différents partis en présence, c'est là que les tensions et les différends ont été les plus vifs. D'autre part, nous avons vu quand nous suivions le texte de Matthieu, qu'il avait fait le choix de minimiser le conflit entre les pharisiens et Jésus, ne conservant que ces malédictions finales comme casus belli entre eux et lui, et ceci pour la simple raison que la communauté matthéenne est composée essentiellement, et s'adresse presque exclusivement à, des pharisiens. Il y a en outre, derrière le choix de décrire une période galiléenne sans grandes tensions par rapport à une période judéenne conflictuelle, une trace du vieil antagonisme entre la capitale et sa province, mais qui correspond sans doute assez bien avec ce que fut la réalité.

Luc n'a pas les mêmes arrières-pensées. Lui le païen, qui s'adresse principalement à des païens, n'a pas le même souci de distinguer les climats entre les deux périodes, ni de ménager à outrance les susceptibilités des pharisiens. Cela ne le gêne donc pas de faire figurer ces malédictions en Galilée. Mais en même temps, il nous les place au cours d'un repas offert par un pharisien, contexte qui ne préjuge donc pas d'une grande animosité. De plus, Luc scinde la grande série de sept malédictions de Matthieu en deux séries, de trois chacune, la première adressée aux pharisiens, la seconde aux scribes. Au total, les reproches sont à peu près les mêmes,  mais concrètement on a moins l'impression d'un réquisitoire sans pitié. Bref, Luc reste en fait fidèle à sa tendance générale de recherche du consensus. En répartissant mieux sur la durée les scènes d'opposition, il les dilue mieux dans sa narration globale. En variant les adversaires, de même, d'autant que lui n'a pas de susceptibilités à ménager entre tel ou tel parti, peu lui chaut que ce soient des pharisiens ou des sadducéens ou des légistes. Et dans le fond, s'il nous rapporte quand même ces malédictions, ce n'est pas tant pour enfoncer les uns ou les autres, mais plus pour les comportements qui y sont dénoncés, comme composants de la nature humaine, que comme soit-disant caractéristiques de tel ou tel groupe précis.

Voici donc comme introduction aux malédictions proprement dites, que nous commencerons à voir demain, la question des règles de pureté. Certes, les pharisiens les respectaient, et peut-être même les multipliaient à l'envi, pourtant ils ne le faisaient sans doute pas autant que les esséniens, et les sadducéens, pour leur part, les pratiquaient aussi. Bref, on ne connaît pas de tendance juive de l'époque qui les aurait négligées. Ceci pour les positions officielles. Dans la vie courante, il est vraisemblable que le "petit peuple" pouvait ne pas s'y astreindre avec toute la rigueur qu'auraient aimé y voir leurs chefs de synagogue... Quand il faut aller puiser l'eau au puits en plus d'une dure journée de labeur, on peut avoir tendance à vouloir l'économiser et la réserver pour les besoins vitaux ! C'est sur ce terrain que se place Jésus : il est par contre un peu facile, quand on a une armée de serviteurs pour alimenter votre domicile en eaux, de pérorer hautainement sur la nécessité absolue de laver abondamment ustensiles et mains. La pureté est-elle en premier dans ces histoires de lavage, ou dans la seule manière dont on puisse procéder pour se retrouver plus riche que les autres : rapine et méchanceté ? Comme si les richesses pouvaient être la propriété de quelques uns, alors qu'elles viennent de Dieu ! Moralité : redistribuez vos biens, et vous verrez alors si les questions de pureté rituelle vous semblent encore si importantes.

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