Education sentimentale
« Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux.
« Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu'un commet un meurtre, il en répondra au tribunal. Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal. Si quelqu'un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si quelqu'un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu.
« Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Accorde-toi vite avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou. »
voir aussi : Frères ennemis, Conversion
Nous ne pouvons pas nous contenter de nous interdire le meurtre ! Ce n'est que le cas extrême de rupture du lien social. Si nous attendons d'en arriver là pour nous discipliner, nous n'y réussirons pas toujours, peut-être pas souvent, ou même pas du tout ! Nous devons apprendre à modérer toutes nos formes plus bénignes de rejet de l'autre, utiliser d'autres moyens pour extérioriser des sentiments que nous pouvons légitimement éprouver. Tout ceci semble évident.
Mais Jésus va beaucoup plus loin. Il ne nous demande pas ici de seulement nous discipliner nous-même. "Si ton frère a qualque chose contre toi" : si c'est un autre qui éprouve de tels sentiments à ton encontre, même si toi-même tu n'as rien contre lui. C'est encore à toi de faire quelque chose pour lui. Et les raisons invoquées ensuite atténuent malheureusement la portée de l'enseignement. Ce n'est pas seulement par peur de conséquences néfastes pour nous-même, qu'il nous recommande d'aller au-devant de ceux qui se considèrent comme nos adversaires.
Nous retrouvons plutôt ici ce motif que nous avons déjà vu plusieurs fois ces jours-ci chez Matthieu : Dieu s'en remet à nous pour incarner l'amour sur terre. C'est par nous, et nous seuls (inspirés pas son Esprit, bien sûr) qui pouvons faire advenir le royaume.
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