Partage d'évangile quotidien
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Joie du ciel

Jeu. 7 Mai 2015

Jean 15, 9-11 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

« Comme m'a aimé le Père, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. 

« Je vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit en plénitude. » 

 

 

L'annonciation, par He-Qi

 

 

voir aussi : Joie sans mélange, Joie exemplaire, Et c'est pas triste, Recette de la joie, Chaîne de joie

Il serait trop restrictif de relier "ces choses" dites par Jésus seulement aux quelques phrases qui précèdent immédiatement et que nous avons aujourd'hui, et pas non plus seulement au développement de la vigne que nous avions hier ; "ces choses" concernent l'ensemble de son enseignement, de sa Parole, en tant qu'elle prépare les disciples à être capables de "recevoir" l'Esprit. Nous l'avions vu avant-hier, cela sera dit plus clairement un peu plus tard (16, 20-24) lorsque le thème sera repris — ici ce n'est juste qu'une première touche qui l'annonce et le prépare —, mais la joie est bien avec la paix une des qualités les plus caractéristiques de la vie dans l'Esprit à laquelle les disciples accèderont lorsque Jésus ressuscitera.

Ne nous y trompons pas, cependant. Pensons aux circonstances dans lesquelles Jésus est censé se trouver en ce moment où il parle de sa joie : dans quelques heures il va être arrêté, subir mauvais traitements et humiliations, et finalement être crucifié et mourir. Et pourtant il se dit dans la joie ! Il est vrai que, là où les synoptiques parlent d'un Jésus qui ne refuserait pas que l'épreuve lui soit épargnée : "Abba ! tout est possible, à toi ! Emporte cette coupe loin de moi !" (Marc 14, 36 ; Matthieu 26, 39 ; Luc 22, 42), Jean nous parle au contraire d'un Jésus qui écarte délibérément une telle idée : "que dire ? Père sauve-moi de cette heure ? mais c'est pour cela que je suis venu !" (Jean 12, 27), et de nouveau quand Pierre coupe l'oreille de Malchos : "La coupe que me donne le Père, je ne la boirai pas ?" (Jean 18, 11). Chez Jean, donc, c'est un Jésus bien résolu qui avance vers le supplice. Mais de là à dire qu'il le fasse d'un cœur léger ?

Pourtant, cette joie, il va nous être dit que "nul ne peut vous l'ôter" (16, 22), tout comme il nous avait été dit que la paix de l'Esprit n'est "pas comme le monde donne" (14, 27). Forcément, cette joie et cette paix viennent de l'Esprit, elles ont un autre fondement, indéracinable, que celles que nous pouvons recevoir du monde, et le monde ne peut rien contre elles. Nous pouvons donc être certains qu'elles ont habité Jésus, même jusqu'au dernier soupir, au moment où il "livra l'Esprit" (19, 30). Une paix et une joie en profondeur, comme dans un bastion imprenable, et peut-être d'ailleurs guère distinguables l'une de l'autre à leur source, elles me semblent cependant personnellement procéder dans un ordre précis, la paix venant d'abord, la joie en résultant ensuite, comme une conséquence, et se résorbant aussi plus tôt, pouvant donc être plus fugace, se dissolvant alors que la paix demeure encore. C'est en tout cas ainsi que je les ressens.

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