Partage d'évangile quotidien
<
Enregistrer le billet en pdf

La tentation des démons

Jeu. 27 Mars 2014

Luc 11, 14-23 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

Il jetait dehors un démon, et celui-ci était muet. Or, le démon sorti, le muet parle ! Et les foules s'étonnent. 

Mais certains d'entre eux disent : « C'est par Béelzeboul, le chef des démons, qu'il jette dehors les démons ! » D'autres, pour l'éprouver, cherchaient de lui un signe du ciel.  Lui, sait leurs pensées et leur dit : « Tout royaume divisé en lui-même devient un désert, et maison sur maison tombe. De même : si le satan est divisé en lui-même, comment tiendra son royaume ? – puisque vous dites que c'est par Béelzeboul que je jette dehors les démons ! 

« Si moi, c'est par Béelzeboul que je jette dehors les démons, vos fils, par qui les jettent-ils dehors ? Aussi eux-mêmes seront vos juges. 

« Mais si c'est par le doigt de Dieu que moi, je jette dehors les démons, alors il est venu sur vous, le royaume de Dieu ! Quand le fort bien armé garde sa cour, ses biens sont en paix. Qu'un plus fort que lui survienne et le vainque, il lui enlève son armure en quoi il se confiait, et distribue ses dépouilles. 

« Qui n'est pas avec moi est contre moi. Qui ne rassemble pas avec moi disperse ! » 

 

 

Le paradis perdu, par He-Qi

 

 

voir aussi : Traité de démonologie, Tentative de diversion, Le démon pour les nuls, L'union sacrée, Un muet qui fait parler !, Choisir son camp, Rassemblement contre division, Champions de la division, Un royaume sans couture

Voici un discours bien viril : Jésus est celui qui est "plus fort qu'un fort bien armé" et en "distribue les dépouilles". C'est un langage de brigands, ou de militaires se comportant comme des brigands, si on préfère. Nous sommes loin du "aimez vos ennemis" et "tendre l'autre joue" ! Il est vrai, qu'ici, l'ennemi est d'un genre particulier : pas moins que Béelzeboul, le chef des démons, excusez du peu... Bon, c'est vrai, nous ne sommes pas dans les mêmes domaines, et je suis en train de tout mélanger. C'est vrai que la vie intérieure peut ressembler à un combat, dans lequel nous pouvons avoir à nous montrer intraitables, parfois. Je suis par contre beaucoup plus gêné avec cette personnification de l'adversaire en cause, en ce cas. Car, réellement, le seul adversaire que nous aurons jamais à vaincre, dans la vie intérieure, c'est nous-mêmes ! Ces notions de démons, ou d'esprits impurs, étaient peut-être justifiées à une époque où tant de phénomènes pouvaient sembler mystérieux. Ce n'est pas non plus que le monde, maintenant, ne recèlerait plus aucun mystère, au contraire, je crois que plus nous avançons dans nos connaissances, plus les mystères s'approfondissent. Ce ne sont plus les mêmes. Nous ne croyons plus que les gens sont muets parce qu'ils sont possédés. Nous croyons qu'ils ont soit une déficience physiologique, soit un problème psychologique. Ce qui ne nous dit pas pourquoi eux ont cette déficience, et pas nous, mais au moins considérons-nous maintenant que leur problème est du domaine de la nature, ce qui nous donne, pour essayer de le résoudre, des armes autres que les formules magiques.

Alors, à quoi peuvent bien encore servir les notions de démons et de chef des démons ? Nous savons tout le mal dont les hommes sont capables, et, devant certaines énormités, des génocides, des "solutions finales", la perversité des tortionnaires, le terrorisme aveugle, notre esprit perd pied, nous ne comprenons pas, et nous suivons le même chemin que nos ancêtres quand ils ne comprenaient pas l'épilepsie ou la lèpre. Nous pensons qu'il y a un esprit du mal à l'œuvre dans le monde. On peut comprendre cette réaction, mais quel élément de solution nous apporte-t-elle ? aucun. Dans le meilleur des cas, nous nous déchargeons à bon compte du problème sur un Dieu que nous érigeons alors en adversaire irréductible et éternel du Prince du mal, mais ce n'est là bien sûr qu'une illusion dont nous nous berçons. Depuis le temps que le monde existe, si Dieu avait dû défaire son alter ego et adversaire de toujours, pourquoi n'y serait-il pas encore parvenu, et pourquoi y parviendrait-il mieux dans quelques jours, quelques mois, quelques années, quelques siècles, quelques millénaires ? À moins que, justement, il n'ait besoin de nous, pour ça ? Allez, disons-le : c'est vrai, il ne peut pas le faire à notre place. Ce n'est pas que ce ne soit pas son problème, mais c'est nous qui le posons mal avec notre 'explication' Satan, l'adversaire. Dieu n'a pas d'adversaire. Le monde est entre nos mains, avec Dieu, mais dans nos seules mains. Ce que nous ne comprenons pas, eh bien ! nous ne le comprenons pas, mais n'allons pas nous fabriquer des chimères, nous ne faisons que nous fourvoyer sur une voie de garage.

Commenter cet évangile