Partage d'évangile quotidien
<
Enregistrer le billet en pdf

Ne craignez pas !

Ven. 16 Octobre 2015

Luc 12, 1-7 traduction : Comparer plusieurs traductions sur le site 4evangiles.fr Lire le texte grec et sa traduction (anglaise) mot-à-mot sur le site interlinearbible.org

Sur quoi, la foule se rassemble par myriades jusqu'à se piétiner les uns les autres. Il commence à dire, et d'abord à ses disciples : « Défiez-vous pour vous-mêmes du levain des pharisiens, qui est hypocrisie. Rien de recouvert qui ne sera découvert. Rien de caché qui ne sera connu. 

« Ainsi donc, tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu dans la lumière. Ce que vous aurez prononcé à l'oreille, dans les cellules, sera proclamé sur les terrasses. 

« Je dis à vous, mes amis, ne craignez pas les tueurs du corps : après cela ils n'ont rien de plus à faire… Mais je vais vous suggérer qui craindre : craignez qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne. Oui, je vous dis : celui-là, craignez-le ! Est-ce que cinq moineaux ne se vendent pas deux sous ? Et pas un d'eux n'est oublié devant Dieu ! Mais même les cheveux de votre tête, tous, sont dénombrés ! Ne craignez pas : plus que beaucoup de moineaux, vous êtes précieux ! » 

 

 

Le matin de Pâque, par He-Qi

 

 

voir aussi : Haut et fort, Secrets cachés, Sans peur et sans reproche, Aimez-vous, Oiseaux rares, Levain dans la pâte

On trouve chez Marc (8, 14-21) et Matthieu (16, 5-12) une autre version du "défiez-vous du levain des pharisiens" qui n'a apparemment pas le même sens que celui voulu par Luc ici. Chez Marc et Matthieu, le "levain" (hamira, en araméen) des pharisiens est un jeu de mot pour faire allusion à leur "enseignement" ('amira). Nous avons d'autres passages des évangiles qui nous parlent d'écouter éventuellement ce qu'ils disent, mais de ne pas faire comme ils font, car ils ne font pas, justement. Ainsi, éventuellement, Luc a-t-il peut-être voulu traduire tout ceci en termes plus clairs pour son public grec, incapable de comprendre ces subtilités sémitiques. Qu'est-ce en effet que l'hypocrisie, sinon de prétendre être ce qu'on n'est pas, ou ne fait pas ? tenir de beaux discours, se donner une apparence, qui ne correspondent pas à notre réalité intérieure.

Il semble évident, alors, que le caché qui sera un jour connu, le recouvert qui sera un jour découvert, nous parlent de cette noirceur intérieure, de ces zones d'ombre qui nous habitent, et dont nous ne sommes même pas forcément conscients (on peut même dire que nous en sommes prisonniers). C'est effectivement le seul sens que puisse avoir notre vie, que de nous révéler qui nous sommes réellement, en bien comme en mal, les deux mêlés souvent, et s'il ne nous suffit pas d'une vie, alors d'autres nous seront données, jusqu'à ce que tout soit connu, tout soit découvert. Je ne fais pas ici allusion nécessairement au principe de réincarnations classique, sans le rejeter non plus. Je veux seulement dire que lorsque nous nous imaginons que tout serait fini à notre mort, que nous nous retrouverions alors dans l'une des deux cases "enfer" ou "ciel", et on n'en parle plus, nous sommes dans une sorte d'enfantillage de la pensée spirituelle. Idem si nous formulons ça en termes de résurrection, personnelle, ou finale collective, comme étant un état définitif un jour, la fin de l'histoire, la fin de l'univers, la fin de tout.

L'univers a toujours existé, la vie a toujours existé, la conscience a toujours existé, tout a toujours existé et tout existera toujours. Les formes évoluent, nos consciences aussi, mais il n'y a pas de "fin" à tout ceci. Aujourd'hui nous sommes humains, demain nous serons peut-être à nouveau humains, ou peut-être autre chose, une autre forme, une autre organisation de la conscience, un autre genre de lien entre matière et esprit, car ces deux-là ne peuvent exister l'un sans l'autre, Dieu merci... Pourquoi voudrions-nous que tout s'arrête un jour ? ne serait-ce pas le contraire exact de cette vie éternelle à laquelle nous disons aspirer ? Si nous arrivons un jour au bout, au terme, ce jour-là nous pourrons dire que nous sommes réellement et définitivement morts...

Commenter cet évangile